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LA VENGEANCE DE WASHINGTON

Christophe LASCOMBES11 décembre 2003
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Pour la Frankfurter Rundschau, la politique avouée par le vice-ministre américain de la défense est claire : renforcer la volonté de coopération des anciens opposants à la guerre en Irak. Mais il s'agit là tout platement d'une simple vengeance économique. Mais au-delà de la mesquinerie d'une telle politique étrangère, le véritable scandale n'est pas là. Le vrai scandale, c'est que l'administration Bush règle ses comptes politiques sur le dos des Irakiens. Pour die Welt, la punition est méritée et la réaction du gouvernement fédéral allemand est entachée de naïveté. Berlin trouve inacceptable que des entreprises allemandes soient exclues de la distribution des juteux contrats de reconstruction ? Mais que croient donc Schröder, Fischer et consorts ? Que Washington a trouvé acceptable qu'ils aient mobilisé le ressentiment anti-américain afin de dissimuler la faillite de leur gouvernement et sauver leur réélection ? Et qu'en est-il des ridicules 200 millions d'euros d'aide accordés du bout des lèvres par l'Allemagne sur les 35 milliards dont la moitié est assurée par les USA à eux seuls ? Washington a-t-il trouvé cela acceptable ? Avec son titre « Seuls les guerriers ont le droit d'encaisser », la Süddeutsche Zeitung analyse les dessous de cette décision : pour les Irakiens, il importe peu de savoir si les câbles téléphoniques sont posés par des Allemands ou des Américains, l'essentiel est qu'ils soient posés. L'anathème économique prononcé par Paul Wolfowitz a un caractère éminemment politique car il démontre que l'Amérique ne fait pas seulement cavalier seul sur le terrain commercial et militaire, mais qu'elle pense aussi en termes nationalistes en matière économique. Wolfowitz incarne ce mélange d'impérialisme missionnaire et de protectionnisme isolationniste qui n'apporte que des catastrophes. Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung enfin, cette décision n'est pas non plus du goût de certains hommes politiques américains qui la qualifie « d'imbécile », voire « d'insultante ». Eux aussi savent que Washington va avoir besoin de toute l'aide possible pour la reconstruction de l'Irak, conclut le journal.