1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

La xénophobie a le vent en poupe

Anne Le Touzé15 octobre 2013

Le spectre de l'extrémisme plane en Une des journaux. En Russie, où le meurtre d'un jeune Russe a déclenché des émeutes xénophobes. Mais aussi en France, avec la victoire du Front national à des élections cantonales.

https://p.dw.com/p/19zgs
Des émeutes ont éclaté dimanche dans le quartier de Biryulyovo, dans le sud de Moscou
Des émeutes ont éclaté dimanche dans le quartier de Biryulyovo, dans le sud de MoscouImage : Asily Maximov/AFP/Getty Images

Les émeutes de dimanche étaient conduites par des nationalistes, mais des gens normaux des quartiers populaires y ont participé, constate Die Welt. Ce sont surtout des jeunes qui sentent leur avenir menacé et à qui l'on fait croire que les étrangers sont la source de tous les maux. Pour calmer les esprits, la police a réagi à ces émeutes par des razzias contre les immigrés. À long terme, prévient le quotidien, ce genre d'action ne fait qu'attiser la haine de l'étranger.

La police russe mène des razzias contre les immigrés à Moscou
La police russe mène des razzias contre les immigrés à MoscouImage : picture-alliance/dpa

Les autorités russes entretiennent un climat de xénophobie, dénonce la Frankfurter Allgemeine Zeitung. À Moscou, où vivent deux millions et demi d'étrangers principalement originaires du Caucase et d'Asie centrale, l'immigration a été l'un des principaux thèmes de campagne aux dernières élections municipales. Mais les razzias, les contrôles et les vagues d'expulsions d'étrangers ne sont que des manœuvres pour détourner l'attention du vrai problème : à savoir que la Russie n'a absolument aucune politique en matière d'immigration.

Cela fait longtemps que les milices citoyennes et la police travaillent main dans la main pour chasser les immigrés, remarque la Süddeutsche Zeitung. Il ne passe pas un mois sans qu'un Tchétchène, un Tadjik ou un Ingouche ne soit assassiné pour motif xénophobe. Selon le journal, cette haine entre les ethnies représente une menace bien plus grande pour la confédération russe que quelques démocrates soi-disant à la solde des États-Unis qui tenteraient de déstabiliser le pouvoir.

Marine Le Pen a rendu le parti de son père "présentable"
Marine Le Pen a rendu le parti de son père "présentable"Image : Pierre Andrieu/AFP/Getty Images

En France, c'est tout Paris qui est destabilisé par la victoire du Front national à des élections locales dans le sud, constate la Süddeutsche dans un autre commentaire. Certes, le canton de Brignoles n'est pas la France et des fascistes ne vont pas prendre le pouvoir de sitôt. Mais lorsqu'un Français sur quatre affirme qu'il voterait pour le FN, on peut à juste titre se faire du souci pour son voisin. Marine Le Pen a rendu le parti présentable. S'il récoltait jadis les voix des mécontents, aujourd'hui les électeurs le choisissent par conviction, s'inquiète le quotidien.

Le dégoût à lui seul ne suffit pas, prévient die tageszeitung. L'extrême-droite s'est fait une place dans les médias et les institutions, mais les partis démocratiques continuent de refuser de s'attaquer à lui. Conséquence, les thèses xénophobes et haineuses du parti ne sont pratiquement pas contredites. En y regardant de plus près, souligne la taz, le programme du Front national comporte pourtant de nombreux points non seulement irréalistes, mais aussi incompatibles avec la Constitution française.