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L'adhésion de la Turquie : le grand défi

Christophe LASCOMBES14 décembre 2004

Les eurodéputés devraient voter à une nette majorité, demain mercredi, en faveur de l'ouverture de négociations d'adhésion avec la Turquie. Mais leur débat organisé hier soir a confirmé les clivages nationaux que l'on retrouve dans la population européenne. La presse allemande d’aujourd’hui revient unisono sur le cœur du débat.

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Lien entre l'Orient et l'Occident, le Pont sur le Bosphore incarne ce que pourrait être la Turquie pour l'Europe...
Lien entre l'Orient et l'Occident, le Pont sur le Bosphore incarne ce que pourrait être la Turquie pour l'Europe...Image : dpa

Die Welt

repose l’argument lancé en son temps par Valéry Giscard d’Estaing et repris par une partie de la droite allemande : la Turquie ne fait pas partie de l’Europe. Et puis, souligne le journal, si l’intégration des Turcs vivant en Allemagne ne réussit pas aujourd’hui, comment pourrait donc réussir celle des 80 millions de leurs concitoyens dans 10 ou 15 ans ?

La Tageszeitung de Berlin relève, elle, que la critique du Premier Ministre turc à l’opposition allemande, lui reprochant de se prononcer contre l’adhésion de son pays pour des raisons de politique intérieure a fait mouche. A preuve, Edmund Stoiber tonne qu’en cas de victoire des conservateurs en 2006, le gouvernement allemand s’opposera par tous les moyens à une adhésion pleine et entière de la Turquie à l’Union Européenne.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, par contre, la pression qu’Ankara veut exercer en menaçant de se détourner de l’Europe en cas de non-adhésion est scandaleuse. Cela révèle que la politique turque de réformes n’est pas le fruit d’une volonté intérieure mais qu’elle est imposée au pays pour atteindre un objectif de politique étrangère. Cela laisse augurer de l’avenir, ironise le quotidien.

La Frankfurter Rundschau relève le débat et revient sur le défi que doit relever l’Europe. Après son élargissement à 25, l’UE s’engage en cette fin 2004 sur une voie qui pourra soit la conduire vers les hauteurs des super-puissances du 21e siècle, soit la précipiter dans les abîmes où se décomposent les échecs politiques de l’Humanité. Pour le quotidien, l’entrée de la Turquie est un acte d´hégémonie motivé par le désir de pénétrer dans l’univers musulman. Ce geste peut être raisonnable, seulement il doit être expliqué autrement aux citoyens européens pour pouvoir être accepté. En effet, sans leur accord, l’Union européenne pourra peut-être s’agrandir, elle n’en sera pas plus forte pour autant.

Il n’est pas étonnant, à l’aube d’une telle décision, que les Européens manifestent leurs doutes, lance la Süddeutsche Zeitung. Voilà la meilleure manifestation de démocratie que l’on puisse donner en exemple à Ankara. Mais, souligne le quotidien, hors les polémiques partisanes et déclarations électoralistes à l’emporte-pièce, personne, en Allemagne comme en Turquie, partisan ou adversaire de cette adhésion, ne peut sincèrement augurer du résultat de l’aventure. Aucun homme politique ne peut promettre sa réussite. L’honnêteté veut que ces doutes soient repris dans la résolution européenne de vendredi, conclut le journal.