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L'Afrique du Sud à la croisée des chemins

Konstanze von Kotze7 septembre 2012

Les journaux s'intéressent cette semaine au drame de Marikana et à ses implications sur la politique de l'Afrique du Sud, à la situation en Angola après les législatives et aux Jeux paralympiques de Londres.

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Image : Stéphane de Sakutin/AFP/GettyImages

À lire l'analyse du Tagesspiegel paru lundi, l'heure est grave. Alors que le conflit de Marikana n'est pas encore réglé, il est déjà clair que la mort, il y a deux semaines, de 34 mineurs tués par la police représente une césure pour le pays. Ces évènements pourraient changer drastiquement le cours de la politique sud-africaine. Et pourtant, cela fait des années déjà que les sirènes d'alarme résonnent au Cap, poursuit le quotidien. La violence des grèves par exemple fait partie du quotidien politique depuis bien longtemps et celle de Marikana, bien que particulièrement choquante, n'est qu'un exemple supplémentaire de l'anarchie qui s'introduit insidieusement dans le pays.

Le gouvernement sud-africain a d'autres priorités

Südafrika Polizeiminister Nathi Mthethwa und Präsident Jacob Zuma
En décembre, Jacob Zuma briguera un nouveau mandat à la tête de l'ANCImage : PABALLO THEKISO/AFP/Getty Images

Der Tagesspiegel estime que le gouvernement n'a pas voulu voir venir le danger, trop préoccupé et trop miné qu'il est par des luttes de pouvoir internes. Dix-huit ans après l'arrivée aux commandes de l'ANC, la frustration de nombreux Sud-Africains noirs est à son comble. Et cette frustration, elle est non seulement alimentée par l'arrogance du parti et par les magouilles en tout genre de ses cadres mais aussi par la personne même de celui qui le dirige et qui dirige tout le pays, Jacob Zuma. Trois ans après son élection, personne ne sait réellement où il veut conduire l'Afrique du Sud; Lui encore moins que les autres. Pour le moment, la seule chose qui le préoccupe, c'est de se faire réélire en 2014.

En Angola, le fossé se creuse ...

Répression, manne pétrolière et diamants. Voilà les clefs du succès de l'Angola pour le quotidien économique Handelsblatt. Avec près de 2 millions de barils par jour, l'ancienne colonie portugaise pourrait bientôt dépasser le Nigéria, premier producteur de pétrole du continent. Le MPLA, qui règne sans partage depuis l'indépendance du pays en 1975 a encore de beaux jours devant lui tout comme son chef Eduardo dos Santos qui est, comme en Afrique du Sud, également le chef de l'Etat. Cela dit, note le journal, pour la première fois, le septuagénaire est confronté à un vent de révolte. Il faut croire que la bonne moitié des 20 millions d'Angolais qui ne profitent en rien des richesses astronomiques du pays en ont ras-le-bol de voir l'entourage du président - en particulier sa fille Isabel, considérée comme la femme la plus riche du continent - se remplir les poches et laisser la majorité de la population vivre dans une misère criante. Le régime a beau étaler ses progrès économiques, la chute des prix du pétrole refroidit la croissance et fait monter la pression sur le gouvernement.

... mais les Portugais tentent leur chance

José Eduardo dos Santos Angola Präsident
À 70 ans, José Eduardo dos Santos a déjà passé 33 ans de sa vie au pouvoirImage : Reuters

Un article paru dans l'édition allemande du Financial Times explique que la crise économique au Portugal pousse des milliers de Portugais à venir tenter leur chance en Angola. Selon le consulat portugais basé à Luanda, environ 500 Portugais s'installent tous les mois dans l'ancienne colonie et ils sont accueillis à bras ouverts, au moins par les Angolais aisés. Les Portugais font un peu partie de la famille, si l'on veut. Il faut juste éviter d'évoquer certains sujets qui fâchent. Les investissements et les intérêts d'Isabel dos Santos, dont nous parlions toute à l'heure, au Portugal en font partie. Quand on sait que 2/3 de la population angolaise doit encore et toujours survivre avec moins de deux dollars par jour, on n'apprécie pas particulièrement que la famille du président vienne aider son ancienne métropole avec de l'argent qui ne lui appartient pas. Au fond, conclu le journal, rien n'a changé. Autrefois la colonie finançait la puissance coloniale avec des esclaves. Aujourd'hui, avec du pétrole.

Patience, l'Afrique décolle !

"L'Afrique rayonne" , c'est le titre d'un article publié cette semaine par le magazine Foucs. De la Banque mondiale au Fonds monétaire international en passant par les experts et autres conseillers étrangers, tous sont d'accord pour dire que l'Afrique décolle. C'est quelque chose que l'Europe, embourbée dans ses préjugés, sous-estime complètement, écrit le journal. La Convention des Nations Unies sur le commerce et le développement a pourtant publié un rapport selon lequel d'ici 2014, l'Afrique sera la zone où l'augmentation des investissements étrangers sera la plus significative. Mais il n'y a pas que cela : Le continent peut s'appuyer sur un gigantesque réservoir de dirigeants jeunes, bien formés et intelligents qui ne demandent qu'à faire avancer les choses. Le principal défi estime le magazine, pour finir, est de pratiquer une tolérance zéro face à la corruption et l'escroquerie.

Les Rwandais aux Paralympiques

Paralympics Sitzvolleyball Ruanda gegen Brasilien Archiv 31.08.2012
Match Rwanda - Brésil La discipline se pratique assis au sol.Image : Dennis Grombkowski/Getty Images

C'est l'équipe rwandaise de volleyball assis qui a plus particulièrement tapé dans l'œil des journalistes allemands. Jusqu'ici, cette jeune équipe n'a pas remporté grand chose, note la Süddeutsche Zeitung mais ce n'est pas ce qui compte. Ce qui compte, c'est déjà d'avoir été qualifié aux Jeux. Pour Dominique Bizimana par exemple c'est le signe que le Rwanda est de nouveau uni. A la fois joueur et président du comité paralympique de son pays, il regrette la façon dont le Rwanda est vu à l'étranger. "Les gens pensent que le Rwanda d'aujourd'hui est toujours celui de 1994". 1994, l'année du génocide qui a fait 800 000 morts selon l'ONU. A la sortie des matchs, les journalistes lui demandent par exemple s'il est hutu ou tutsi. Et lui répond invariablement : je suis fier d'être Rwandais. Tutsi ou hutu. Pourquoi c'est important ? Pourquoi ? Le journal Neues Deutschland note pour sa part à quel point les Jeux paralympiques représentent une chance pour les personnes issues de pays qui ont été ou qui sont en guerre ainsi que pour les pays qui ont encore du mal à intégrer les personnes handicapées. Le Rwanda a d'ailleurs déjà fait des émules chez ses voisins burundais, ougandais et congolais.