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L'aide aux sinistrés soulève des questions

Yann Durand7 janvier 2005

Lors de la conférence internationale pour l’aide aux sinistrés asiatiques, l’ONU s’est vu confier la coordination des efforts humanitaires. Un des quatre milliards de dollars promis est nécessaire immédiatement afin de pallier les urgences. Beaucoup d’argent qui fait de l’aide humanitaire un instrument politique non négligeable et peut pervertir le rapport aux pays assistés. Ce sont les thèmes qu’aborde ce matin la presse allemande dans ses commentaires. Yann Durand.

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Distribution de nourriture dans un camps d'Aceh
Distribution de nourriture dans un camps d'AcehImage : AP

Les coordonnées de la politique mondiale pourraient s’être déplacées en même temps que les plaques tectoniques au large de l’Indonésie suppute la Frankfurter Rundschau. Etant donné que la catastrophe requiert des efforts concertés, les USA et l’ONU se sont rapprochés. Le gouvernement Bush découvre ce que tous ses prédécesseurs à Washingtoon savaient : Lorsque les États-unis se préoccupent des problèmes d’autrui et aident activement, au bout du compte cela sert leurs intérêts. Et de conclure : un petit espoir éclos, que la malsaine fixation de la politique mondiale sur le terrorisme s’amenuise.

La Süddeutsche Zeitung en revanche craint de voir la catastrophe du siècle engendrer de nouvelles injustices. Que ce soit par la volonté de tirer profit du malheur, sur le plan politique ou par la naissance d’une compétition pour la couronne du meilleur, du plus généreux, du plus sensible parmi les états secouristes. Hélas, l’aide effectivement impressionante de l’Allemagne s’est empreinte de cet arrière-goût.

Même son de cloche dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Après le dévastateur raz-de marée, la vague des actions d’aide humanitaire a pris des proportions risquant deçà, delà de submerger beaucoup. Ce ne serait pas la première fois poursuit le journal que l’aide occidentale ne favorise pas l’autonomie, mais au contraire, détruit les structures existantes et crée des dépendances. Or la coordination internationale des secours s’est pour l’instant plutôt manifestée par un challenge des nations quant à leur promesses d’aide.

Qui doit sa survie aux faveurs d’autrui perd forcément de sa liberté de décision constate également la Tageszeitung de Berlin. Cela vaut pour les handicapés en Allemagne, pour les affamés au soudan et vraisemblablement pour les victimes du tsunami en Indonésie. Non les sinistrés, mais les secouristes décident quoi, quand et où leur sera donné. L’aide humanitaire organise la vie des victimes dans ses moindres détails. C’est pourquoi elle représente toujours un certain pouvoir.