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L'Algérie en deuil

12 avril 2012

Après le décès, mercredi, à Alger, d'Ahmed Ben Bella, le président Bouteflika a décrété huit jours de deuil national. Les obsèques de celui qui fut le premier président de l'Algérie indépendante auront lieu vendredi.

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Ahmed Ben Bella
Ahmed Ben BellaImage : AP

Ahmed Ben Bella qui s'est éteint à l'âge de 95 ans, sera inhumé au Carré des martyrs du grand cimetière d'El Alia d'Alger. Sa personnalité aura profondément marqué l'Algérie contemporaine.

C'est à Maghnia, dans l'ouest de l'Algérie qu'Ahmed Ben Bella vient au monde en décembre 1916 dans une famille de paysans. Il fait ses études à l'école française. Enrôlé au sein du 5e régiment de tirailleurs marocains lors de la deuxième guerre mondiale, il reçoit plusieurs décorations de l'armée française.

Cependant, dès la fin de la guerre, il s'engage dans la lutte clandestine contre l'occupation française, une lutte dont il devient l'un des principaux leaders. Rachid Ouaissa, professeur et spécialiste du Proche et Moyen Orient à l'Université de Marburg, en Allemagne :

« Il est une figure de proue de la lutte anti-coloniale, de la libération du pays, une figure importante de la guerre d'Algérie; et la deuxième image que l'on peut retenir de Ben Bella, c'est qu'il était devenu après une figure de proue de la lutte Nord-Sud, du conflit Nord-Sud, de la lutte pour le développement. Il était ami avec Che Guevarra, Nelson Mandela ou bien encore Nasser... »

Le premier Président de l'Algérie indépendante

Ahmed Ben Bella
Ahmed Ben Bella après son arrestation en 1956Image : AP

En novembre 1956, Ben Bella, responsable des relations extérieures du FLN, le Front de libération nationale, est arrêté par l'armée française. Cet intellectuel de gauche et fervent musulman restera cinq ans et demi dans les prisons françaises.

Après la libération de 132 ans de colonisation par la France, Ben Bella est désigné président du Conseil, puis élu, en 1963, premier président de l'Algérie indépendante. Il sera renversé en 1965 par son ancien ami, le ministre de la Défense, le colonel Boumédiène. Un passage bref à la tête de l'Etat naissant, mais qui a marqué. Rachid Ouaissa :

« Ces trois années n'ont pas été les plus faciles. Il s'agissait d'abord de consolider le régime , de donner une véritable légitimation à ce régime et deuxièmement , il s'agissait pour lui de mettre sur pied un sytème socialiste, arabo - socialiste en essayant de faire des réformes agraires, une réforme industrielle. Mais il n'a pas eu assez de temps! »

Entre luttes de pouvoir et exil

Ahmed Ben Bella
Ahmed Ben Bella en 2009Image : picture-alliance/dpa

A la fin d'une lutte intestine pour le pouvoir avec l'opposition, en 1965, Ben Bella est finalement arrêté. Il restera emprisonné jusqu'à la mort le colonel Boumédiène, en 1978. Assigné à résidence à M'Sila, à 300 km au sud d'Alger, celui que l'on surnomme "Si Ahmed" décide finalement de s'exiler en France puis en Suisse où il fondera en 1982 le Mouvement pour la démocratie en Algérie (MDA). A la fin des années 1980, la libéralisation du système politique en Algérie l'incite à rentrer dans sa patrie. En mars 1990, son parti, le MDA est finalement autorisé, comme une trentaine d'autres partis.

Ben Bella est décédé cinquante ans exactement après les Accords d'Evian et le cessez-le-feu qui ont précédé l'indépendance de l'Algérie.

Auteur: Philippe Pognan
Edition: Sandrine Blanchard