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L'Allemagne a le droit de critiquer Israël

Aude Gensbittel24 juillet 2006

La situation au Proche-Orient est au cœur des commentaires de la presse allemande. Les journaux se penchent notamment sur les réactions en Allemagne face aux violences entre Israël et le Hezbollah, ainsi que sur les efforts diplomatiques de la communauté internationale pour tenter de résoudre la crise.

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Le ministre allemand des affaires étrangères Frank Walter Steinmeier et le premier ministre israélien Ehud Olmert à Jérusalem
Le ministre allemand des affaires étrangères Frank Walter Steinmeier et le premier ministre israélien Ehud Olmert à JérusalemImage : AP

Quelles critiques peut-on se permettre en Allemagne vis-à-vis d’Israël ? se demande la Süddeutsche Zeitung. Le droit de se défendre ne peut pas mener à enfreindre des règles internationales comme la protection de la population civile. Un tel avertissement fait partie de cette solidarité avec Israël que demande le Conseil central des Juifs en Allemagne. Solidarité ne signifie pas dire amen à la politique israélienne dans son ensemble. On peut et on doit déplorer le fait qu’Israël se crée lui-même ses ennemis et contribue à faire durer un conflit sanglant, affirme le quotidien.

La Frankfurter Rundschau trouve de son côté décevant que le ministre allemand des affaires étrangères, Frank Walter Steinmeier, n’ose même pas exiger un cessez-le-feu immédiat. Paris, Madrid et même Londres affichent des positions bien plus décidées. Ils rejettent la logique purement militaire de l’armée israélienne, qui croit pouvoir faire disparaître durablement l’idéologie de la violence du Hezbollah et du Hamas avec des bombes et des roquettes. Il est essentiel d’exiger la fin de la militarisation du conflit, poursuit le journal. Dans le passé, Berlin a souvent évité un langage trop direct, car étant donné leur histoire, les Allemands ne devaient pas être les premiers à critiquer Israël. Ce qui n’est pas faux. Mais ce n’est pas non plus une raison pour être les derniers à le faire.

Le Tagesspiegel critique quant à lui le rôle du gouvernement américain : pour George W. Bush et Condoleeza Rice, écrit le journal, la lutte d’Israël contre le Hezbollah n’est qu’une bataille dans leur guerre contre le terrorisme dans le monde, dans le cas présent contre « l’axe du mal » Iran-Syrie-Hezbollah. Aucune raison donc pour la puissance protectrice américaine de stopper Israël, tant qu’il fait le « sale boulot » et n’a pas encore atteint ne serait-ce que ses objectifs minimum.

Ni la secrétaire d’Etat américaine, ni le ministre allemand des affaires étrangères n’ont dans leurs bagages la solution pour une paix rapide, estime enfin le Financial Times Deutschland. Car la logique de l’escalade de la violence militaire est implacable : il est plus facile de commencer le conflit que d’y mettre fin. Impossible de repérer pour l’instant ce qui pourrait ouvrir la voie à un cessez-le-feu, voire même à la paix. Dans ce contexte, toute tentative de médiation est vouée à l’échec.