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L'apprentissage de l'allemand, facteur d'intégration

Anne Le Touzé30 janvier 2006

Dans une école de Berlin, un règlement signé par l’équipe pédagogique et les parents d’élèves instaure l’allemand comme langue unique de communication dans l’enceinte de l’établissement. Un règlement en vigueur depuis un an, mais dont l’annonce publique a suscité de vives réactions et relancé le débat sur l’intégration. Un thème sur lequel revient la presse allemande ce matin, qui commente également la proposition des présidents conservateurs de deux régions d’instaurer un cours de religion islamique en allemand dans les écoles.

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Cours d'allemand dans une école primaire du Land de Basse-Saxe. 10.000 enfants étrangers et allemands bénéficient depuis 2004 de cette mesure, qui coûte à la région 20 millions d'euros par an.
Cours d'allemand dans une école primaire du Land de Basse-Saxe. 10.000 enfants étrangers et allemands bénéficient depuis 2004 de cette mesure, qui coûte à la région 20 millions d'euros par an.Image : dpa

Si pour la Tageszeitung, « les conservateurs ont la fièvre de l’intégration », la Süddeutsche Zeitung voit d’un bon oeil l’instauration d’un enseignement coranique dans la langue de Goethe. Avec des cours en allemand et sous contrôle de l’Etat, on pourrait s’assurer que la religion ne sert non pas à isoler, mais à mieux intégrer. Et les prédicateurs de haine qui fondent leurs propos sur le Coran auraient également moins d’influence, estime le journal. Néanmoins, si la proposition a été généralement bien accueillie, elle contraste avec l’attitude hésitante de la plupart des Länder. Jusqu’à présent, les Länder montrent peu de volonté de communiquer avec les organisations islamiques pour leur proposer une participation sur le modèle des Eglises, alors que celles-ci en expriment le souhait depuis des années. En agissant ainsi, les Länder laissent le terrain libre aux prédicateurs de haine, juge la Süddeutsche Zeitung.

Aujourd’hui, relève la Frankfurter Rundschau, tout le monde reconnaît que dans les quartiers socialement isolés, prospèrent l’islamisme radical, la misogynie et les mauvais traitements. Et que méconnaître la langue du pays d’accueil peut être fatale pour les immigrants. La politique d’intégration que doit mener l’Etat est avant tout une politique sociale. Avec une priorité : favoriser l’apprentissage de la langue, parce que la langue est la clé de l’éducation, et que l’éducation est la clé d’une vie réussie. La tentative de cette école berlinoise de rendre l’allemand obligatoire jusque dans la cour de récréation est née de ce constat, écrit la Frankfurter Rundschau.

A ce propos, le Nordkurier s’étonne des réactions négatives suscitées par le règlement de cette école. Les Turcs et les autres minorités ne sont pas discriminés. Au contraire, cette mesure leur donne enfin une chance d’intégration. Pour des enfants qui entendent parler turc du matin au soir dans leurs familles, la moindre des opportunités d’apprendre l’allemand devrait être saisie, estime le journal. Et la cour d’école en est une. Le Nordkurier poursuit : la société allemande et les immigrants étrangers doivent avoir un intérêt mutuel à l’intégration. Il faut que les étrangers fassent en sorte d’apprendre la langue du pays dans lequel ils veulent vivre, en l’occurrence l’allemand. Et ce pays doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour leur faciliter l’apprentissage de l’allemand. Il n’y a que comme cela que l’intégration peut réussir.

Pour finir, la Berliner Zeitung estime que si les réactions sont aussi passionnées, c’est parce qu’enfin, les voeux pieux sur l’intégration sont liées à des obligations concrètes. Les tendances antimusulmanes, que l’on observe ces derniers temps en Allemagne, ont créé une certaine méfiance chez les immigrants. Beaucoup d’entre eux interprètent la promotion de l’allemand comme une campagne anti-turque. Mais le principe de l’allemand à l’école est pourtant un progrès par rapport au libéralisme multiculturel. Un libéralisme qui n’est autre qu’une indifférence des Allemands envers les étrangers qui vivent dans leur pays.