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L'armée allemande a-t-elle le droit d'intervenir au Proche-Orient?

Anne Le Touzé26 juillet 2006

Aujourd’hui encore, c’est le Proche-Orient qui occupe la Une des journaux allemands… et les éditorialistes s’arrêtent sur une question délicate : est-il ou non judicieux d’envisager une participation allemande à une future force de stabilisation au Proche-Orient ?

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Après le Kosovo, l'Afghanistan et le Congo, la Bundeswehr pourra-t-elle participer à une force de stabilisation au Proche-Orient? Une question prématurée et surtout délicate...
Après le Kosovo, l'Afghanistan et le Congo, la Bundeswehr pourra-t-elle participer à une force de stabilisation au Proche-Orient? Une question prématurée et surtout délicate...Image : AP

L’argument principal pour une participation allemande, écrit la Süddeutsche Zeitung, est que le droit d’Israël à exister est une question de raison d’Etat pour l’Allemagne. Mais cela peut-il vraiment signifier qu’il faut être prêt à défendre ce droit par les armes ? En effet, le « mandat robuste » que l’on souhaite confier à une future troupe de stabilisation sous-entend que l’on tirerait, si nécessaire, sur des combattants du Hezbollah. Pire encore : que se passerait-il si la troupe devait empêcher un commando israélien d’engager une attaque contre le Hezbollah ?

La Frankfurter Rundschau est catégorique: on n’a pas le droit de mettre un soldat allemand dans une situation, même théorique, où il pourrait être amené à diriger son arme contre un Israélien. Certes, l’Histoire appartient au passé, mais celle de l’Holocauste fait partie du présent des Allemands. Et si l’on peut discuter des intérêts allemands à envoyer des soldats en Afghanistan ou au Congo, la Bundeswehr n’a rien à faire au Proche-Orient. Le journal conclut : cela ne signifie pas que l’Allemagne n’a pas un rôle à jouer dans la mise en place d’un cessez-le-feu et la reprise du processus de paix. L’engagement humanitaire, politique et diplomatique est nécessaire. Pour l’option militaire, au contraire, il est trop tôt, bien trop tôt.

Opinion inverse dans l’Offenburger Tageblatt : la Bundeswehr doit participer, le cas échéant, à une mission de paix au Proche-Orient parce que l’histoire de l’Allemagne nazie a montré que la tolérance a des limites. Celui qui enfreint les droits de l’Homme et qui veut détruire d’autres peuples se place en dehors de la communauté d’Etats civilisés, représentés par les Nations Unies. Il doit en être banni et si c’est nécessaire, combattu. Ce qui a valu pour la Bosnie, le Kosovo, l’Afghanistan et le Congo vaut également pour le Liban. Car, conclut le journal, Israël comme le Hezbollah ont depuis longtemps dépassé les limites du tolérable.

Autre sujet qui retient l’attention des journaux ce matin, c’est l’échec des négociations de l’OMC sur la libéralisation du commerce mondial…

Effectivement, et c’est une bonne nouvelle pour la Tageszeitung de Berlin. L’échec des négociations est l’expression d’un changement à long terme des rapports de force commerciaux dans le monde. Il y a une nouvelle géographie du commerce et de la production mondiale, avec au cœur de cette évolution, l’Inde et la Chine. Conséquence : l’hégémonie des pays du Nord s’effrite.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung au contraire, le possible échec du cycle de Doha signifierait la fin d’une idée pacifique de la mondialisation. Le nombre d’accords bilatéraux de libre-échange va sûrement s’accroître au cours des prochaines années. Après l’Union européenne et les Etats-Unis, ce sera au tour de l’Inde, du Brésil et de la Chine d’aller faire la chasse aux partenaires. Or ces accords ont un inconvénient majeur : les pays pauvres ne sont pas assez attirants. Ils devront donc faire des concessions politiques pour pouvoir faire commerce avec les Grands. Et la politisation du commerce, c’est exactement ce que l’on voulait à tout prix éviter après la guerre, avec les accords du Gatt et aujourd’hui l’OMC.