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14 juin 2010

Depuis jeudi, les violences contre la minorité ouzbèke ont fait officiellement 118 morts et 1.500 blessés dans le sud du Kirghizstan. Des dizaines de milliers de personnes cherchent à fuir la région.

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Plusieurs dizaines de milliers d'Ouzbeks du Kirghizstan auraient déjà rejoint l'Ouzbékistan voisin.Image : AP

La violence de ces derniers jours a pris pour cible principalement la minorité ouzbèke des villes de Djalalabad et d'Och, dans le sud du Kirghizstan. Andrea Berg, une représentante de l'association Human Rights Watch a pu être jointe sur place, à Och, par Christina Nagel :

"Je reçois surtout des appels de quartiers ouzbeks, où les gens me disent qu'ils se font tirer dessus. Que des femmes et des enfants sont violés et massacrés. Que les maisons sont incendiées. Et que, même quand ils sont prêts à partir de leur plein gré, ils se font tirer dans le dos et qu'on les empêche de quitter la ville en sécurité."

Karte Kirgisistan mit Bischkek und Osch ENGLISCH
Och (Osh en anglais) est situé au sud du Kirghizstan, près de la frontière avec l'Ouzbékistan.Image : DW

Des représentants de la communauté ouzbèke ont pourtant réclamé la protection de l'armée pour pouvoir rejoindre la frontière de l'Ouzbékistan, le pays voisin, où au moins 60.000 personnes ont déjà trouvé refuge. Des dizaines de milliers d'autres sont en route.

Mais visiblement l'armée est incapable d'assurer leur protection. Samedi, la présidente par intérim Roza Otounbaieva a même fait appel à l'armée russe. Mais à Moscou, on se refuse à une telle intervention, tout en appelant à la fin des violences entre Kirghizes et Ouzbeks.

Une violence organisée et meurtrière

Les tensions ne sont pas rares entre les deux ethnies, mais de telles émeutes n'avaient pas été vues depuis près de vingt ans.

Il a été question du viol d'une femme kirghize par des hommes ouzbeks, qui aurait déclenché une bagarre qui, à son tour, aurait dégénéré en affrontements interethniques. Mais de nombreux témoins évoquent des bandes armées très organisées, qui se livrent à des assassinats et des incendies systématiques dans les quartiers ouzbeks.

Kirgistan Kirgisien Rosa Otunbajewa in Bischkek
Roza Otounbaieva assure la présidence par intérim, depuis la fuite en exil de Kourmanbek Bakiev.Image : AP

Certains voient derrière ces émeutes une tentative de déstabilisation politique. En effet, le Kirghizstan est dirigé depuis avril par un gouvernement intérimaire, suite aux manifestations qui avaient chassé le président Kourmanbek Bakiev, aujourd'hui en exil en Biélorussie.

Or la région où ont lieu ces émeutes est l'un des fiefs de Bakiev. A tout cela s'ajoute le rôle trouble que peuvent jouer les puissantes organisations criminelles locales. Il sera sans doute très difficile de démêler les responsabilités, mais pour l'instant la priorité est à la sécurité des populations et à l'aide humanitaire, qui sont loin d'être assurées.

Selon des représentants de la minorité ouzbèke, au moins 700 personnes auraient été tuées depuis jeudi soir et le calme est loin d'être rétabli. Par ailleurs, plusieurs pays, notamment la Chine et la Turquie, ont décidé de rapatrier leurs ressortissants présents au Kirghizstan.

Auteurs : Christina Nagel / Sébastien Martineau
Édition : Sandrine Blanchard