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Le biocarburant, facteur de famine ?

Anne Le Touzé14 avril 2008

Les "émeutes de la faim" sont le grand thème du jour. La plupart des journaux reprennent l'appel du patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn, qui a prévenu des "conséquences terribles" d'une famine dans les pays pauvres.

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La culture de plantes énergétiques comme le colza ou le maïs pour la production de biocarburants est-elle une menace pour les cultures alimentaires?
La culture de plantes énergétiques comme le colza ou le maïs pour la production de biocarburants est-elle une menace pour les cultures alimentaires?Image : AP

En Une de la Süddeutsche Zeitung: la photo d'une rue de Port-au-Prince, en Haïti. Au premier plan, des flammes dévorent ce qui reste d'un stand du marché. Plus loin, dans la poussière, flambent des carcasses de boutiques qui n'ont pas survécu aux émeutes de la semaine dernière. Pour les pays pauvres, écrit le journal, la hausse du coût des denrées de base est une catastrophe. La crise pourra peut-être être surmontée, mais la flambée des prix reflète un problème de pénurie fondamentale: les matières premières ne sont pas éternelles, les prairies et les champs ne sont pas extensibles à merci, quand bien même la demande continuera à augmenter.

Pour l'Express, de Cologne, la politique internationale doit agir pour éviter une catastrophe. Le biocarburant, célébré comme LA solution aux problèmes climatiques, doit être revu et corrigé. Il n'est pas normal que les habitants des pays riches volent aux pauvres leur nourriture, afin de conduire leurs voitures.

Les détracteurs de la cause environnementale peuvent se frotter les mains et dire "voyez où nous mènent vos boniments écolos! ", regrette la Tageszeitung. Il est vrai qu'un peu partout dans le monde, là où jadis on cultivait des denrées alimentaires, poussent désormais des plantes génératrices d'énergie. Néanmoins, la culture de plantes énergétiques dans les pays pauvres n'est pas forcément une mauvaise chose. Ce qui l'est en revanche, c'est le commerce global avec la biomasse qui conduit fatalement à une concurrence déloyale pour les produits de l'agriculture. L'énergie biologique, conclut la taz, est défendable uniquement à l'échelle régionale et doit constituer un élément parmi d'autres d'une économie respectueuse de l'environnement.

Chose rare, la Frankfurter Allgemeine Zeitung publie une photo en Une. Le cliché, qui date de 1981, représente le chef de l'Organisation de libération de la Palestine, Yasser Arafat, aux côtés du responsable libyen Mouamar Kadhafi. Le journal rapporte que la police allemande formait déjà des personnels de sécurité en Libye en 1979. Or la semaine dernière, la révélation d'une enquête sur des policiers et militaires allemands à la retraite, qui auraient exercé ce type d'activités en Libye, avait provoqué un émoi général. Selon la FAZ, le coup de main de 1979 visait à "remercier" Mouamar Kadhafi d'avoir fait pression sur l'OLP pour qu'elle refuse d'accueillir dans ses camps des membres de la Fraction armée rouge (RAF), qui terrorisaient alors la République fédérale. L'affaire se serait déroulée avec la bénédiction des services secrets allemands. Voilà de quoi alimenter à nouveau la polémique...

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Le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, Jean Ziegler, a estimé à la radio allemande que la production massive de biocarburants est aujourd'hui "un crime contre l'humanité" du fait de son impact sur l'envolée des prix alimentaires mondiaux.