1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le BND savait-il?

Carine Debrabandère2 juin 2006

Une affaire embarrassante pour le gouvernement d’Angela Merkel, mais surtout pour l’ancien gouvernement de Gerhard Schröder : le BND, les services secrets allemands, ont admis hier soir pour la première fois qu’un de leurs agents avait su dès janvier 2004 – soit quatre mois plus tôt que ne l’affirme Berlin – qu’un ressortissant allemand présumé appartenir à la mouvance islamiste avait été arrêté en Macédoine et livré à la CIA.

https://p.dw.com/p/C76J
Khaled El-Masri
Khaled El-MasriImage : AP

Il s’agit du cas de Khaled El-Masri, un ressortissant allemand d’origine libanaise. Le 31 décembre 2003, il aurait été enlevé par la CIA, la centrale américaine de renseignements, en Macédoine, où il s’est rendu dit-il pour un voyage privé. Khaled El-Masri accuse la CIA de l’avoir fait enlever par erreur, puis de l’avoir conduit en Afghanistan, pour l’interroger sur ses liens présumés avec des islamistes. Cet Allemand d’une quarantaine d’années est libéré en mai 2004, date à laquelle le gouvernement allemand affirme avoir été informé de l’affaire.

Seulement voilà, le BND, les services secrets allemands, a avoué hier soir avoir été informé de l’enlèvement des janvier 2004, c’est-à-dire quatre mois avant la date avancée par Berlin. Le BND a admis qu’il y avait eu une « panne » dans ses réseaux d’information. Un collaborateur de « rang moyen » aurait eu vent de l’affaire dans un bâtiment officiel de Skopje, la capitale de la Macédoine, mais n’en aurait apparemment pas référé à ses supérieurs

On est en tous les cas confronté à un gros flou dans cette affaire. La question au centre débat qui fait rage dans la presse allemande depuis quelques mois déjá est de savoir si le gouvernement de l’époque (c’est-à-dire la coalition rouge-verte dirigée alors par Gerhard Schröder) était au courant ou non dés le début de l’enlèvement. Voire s’il y a eu complicité ou non de la part de Berlin- ce que dément formellement Frank-Walter Steinmeier, l’actuel chef de la diplomatie. Une commission d’enquête parlementaire s’apprête à faire la lumière sur ces questions.

Le cas de Khaled El-Masri est par ailleurs intéressant parce qu’il poursuit la CIA pour séquestration et torture. Une plainte, déposée en décembre dernier, qui est la première action entreprise contre les services secrets américains et la façon avec laquelle ils mènent leur guerre contre le terrorisme.