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Le Brésil dit oui aux quotas raciaux dans les facs

14 mai 2012

Plus d'un siècle après l'abolition de l'esclavage au Brésil, ce pays reste profondément inégalitaire notamment au niveau de ces élites, majoritairement blanches. Une réalité que la Cour suprême tente de bousculer.

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Image : dapd

A l'unanimité, les 10 juges de la Cour Suprême ont dit « oui » aux quotas raciaux donnant à une centaine d'université publiques le choix d'instaurer des places réservées à certaines catégories de la population. Une décision importante au Brésil, 2e pays Noir au monde, après le Nigeria, où plus de 50% se déclarent noires ou métis, selon le dernier recensement. L'idée est de réparer la dette laissée par des siècles d'esclavage, comme l'explique la militante Maria Catarina Laborê :

« En 1888, avec la prétendue libération des esclaves, quand ils ont été jetés à la rue, les gens savent qu'ils étaient illettrés, mais il y a une raison à cela ! Le décret de 1851 leur interdisait d'étudier ! C'est de là que vient cette différence d'opportunités et d'égalité qui naturellement, au cours de l'histoire, s'est aggravé. Le Brésil est le pays le plus raciste au monde ».

Risque de stigmatisation ?

Un racisme larvé, présent dans toutes les couches de la société, et dont beaucoup souffrent. Liv Sovik, professeur à l'Université fédérale de Rio et spécialiste des questions raciales, explique même si les Brésiliens doivent eux-même définir leur couleur lors des recensements, l'autodéclaration est influencée par la valorisation, ou non, de la culture noire.

« Il y a au Brésil, une tradition, qui consiste à blanchir les personnes, j'ai connu beaucoup de cas, où des noirs sont enregistrés à la naissance comme blancs parce que le responsable de la mairie ne veut pas offenser les parents. Voilà un symptôme même de racisme. Parce que cela donne l'idée qu'être noir est quelque chose de honteux ».

Alors y a t-il un risque de stigmatisation à l'université pour les Noirs, métis et indiens ? Les juges soulignent que les quotas sont avant tout sociaux, avant d'être raciaux. Un blanc, pauvre, entrerait aussi dans les quotas. Mais pour José Carlos Miranda, du mouvement Noir Socialiste, c'est une illusion : « La création des races vient des racistes, et engendre le racisme… Donc nous sommes pour les quotas sociaux, pas raciaux ».

Un débat qui ne pourra s'atténuer que lorsque les premières générations d'étudiants diplômés viendront changer le visage et la couleur des élites brésiliennes.

Auteur : Marie Naudascher
Edition : Georges Ibrahim Tounkara

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