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Le Canada de nouveau conservateur

Yann Durand25 janvier 2006

Après 12 ans de pouvoir libéral, le Canada a tourné une page de son histoire en portant les conservateurs à la tête du parlement. Le nouveau premier ministre Stephen Harper devra certes composer avec l’opposition, mais un rapprochement avec les Etats-Unis est néanmoins programmé. L’Europe semble perdre un allié dans le concert géopolitique mondial. C’est en substance ce que l’on peut lire dans la presse allemande ce matin.

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Stephen Harper embrasse sa femme, Laureen, et désormais le pouvoir
Stephen Harper embrasse sa femme, Laureen, et désormais le pouvoirImage : AP

Les européens, sur la scène internationale, voyaient le Canada comme un allié sûr, dont la position divergeait souvent de celle des Etats-Unis. Selon la Frankfurter Rundschau, le vieux continent va désormais observer avec attention l’évolution des relations entre les deux états nord-américains. Et il ne faut pas s’attendre pour l’instant à une tonalité critique de la part des canadiens envers les USA. Qu’il s’agisse de Kyoto, de l’exploitation pétrolière dans l’arctique, ou de l’engagement militaire de Washington, Stephen Harper est soit sur la même ligne que son voisin ou il se tait.

Avec une avance de six pourcents des suffrages, c’est vrai, la victoire des conservateurs n’est pas triomphale, juge la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui par ailleurs rappelle que les 20 sièges qui leurs manquent pour une majorité absolue, ils devront les chercher soit du coté des sociaux-démocrates du Nouveau Parti Démocratique, ou bien dans le camp des indépendantistes du Bloc Québécquois. Le quotidien en conclu que personne ne peut dire si le nouveau chef du gouvernement réussira là où son prédécesseur, Paul Martin, a totalement échoué : se maintenir tout au long de la législature quadriennale.

« La meilleure Amérique disparaît de la carte » titre la Tageszeitung de Berlin qui prédit une harmonisation à la frontière nord des Etats-Unis, alors que ces 9000 kilomètres ont défini, une décennie durant, plutôt une ligne de démarcation. Mais si un programme d’armement commun est possible ainsi qu’un rapprochement en politique autant extérieure qu’intérieure face au terrorisme, en revanche, selon le journal, la diabolisation de l’avortement et du mariage homosexuel ne saurait réussir facilement aux conservateurs canadiens. En effet, pour cela le pays manque quelque peu de ferveur chrétienne. Mais c’est une maigre consolation.

Et pourtant, la gauche américaine a averti très tôt les canadiens concernant Stephen Harper. En vain, observe la Süddeutsche Zeitung. Ils ont hissé le politicien de 46 ans à la tête du parlement. Mais selon le journal, nombreux sont ceux parmi ses électeurs qui avouent ne pas connaître l’économe de formation, originaire de la province pétrolifère d’Alberta et paradoxe ambulant. C’est un intellectuel introverti, converti à la politique parce qu’il est convaincu que c’est la seule façon de mettre en œuvre ses idées néo-conservatrices.