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Le chaudron congolais

9 décembre 2011

La République démocratique du Congo domine encore l'actualité africaine dans la presse allemande. Les journaux redoutent une escalade de la violence après la proclamation des résultats de l'élection présidentielle.

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Des bulletins de vote immensesImage : DW

La Süddeutsche Zeitung - dans son édition de mercredi dernier - appuie cette crainte sur la mise en garde lancée par un expert comme Jason Stearns. Il a enquêté sur la violence en RDC pour le compte des Nations unies. La question, dit-il, n'est plus de savoir s'il y aura une crise, mais quelle sera la gravité de cette crise. Des observateurs électoraux, note plus loin le journal, ont critiqué le fait que les résultats publiés par la CENI, la commission électorale, étaient difficilement vérifiables, dans la mesure où seuls des résultats par région ont été publiés, et non bureau par bureau. Une défaite du vieil opposant Etienne Tshisekedi devrait se traduire, à Kinshasa principalement, par de grandes manifestations de rues.

Proteste Kinshasa
Manifestation à KinshasaImage : DW

Kinshasa, relève la Frankfurter Allgemeine Zeitung, est acquise à Tshisekedi. Elle l'a toujours été et à 78 ans le leader de l'Union pour la démocratie et le progrès social peut compter ici sur un électorat qui dépasse largement les 70%. Personne donc ne peut s'imaginer que Kabila arrive en tête parce que dans le reste du pays les préférences politiques sont différentes qu'à Kinshasa. Les Kinois ont l'habitude d'ignorer tout ce qui n'est pas kinois. Cela dit, poursuit le journal, les partisans d'Etienne Tshisekedi n'ont pas tout à fait tort de soupçonner les occidentaux, dont les Européens, de vouloir maintenir Kabila au pouvoir. Tous les diplomates occidentaux à Kinshasa, sans exception, lèvent les yeux au ciel dès qu'il est question de Tshisekedi: on le dit trop vieux, pas assez souple, obstiné. Ce que veulent les occidentaux, qui appuient quand même le Congo à hauteur de 3 milliards de dollars par an, c'est la stabilité. Et il n'est un secret pour personne que Kabila semble être une meilleure garantie de stabilité que Tshisekedi. die tageszeitung dénonce le silence du gouvernement allemand, qui malgré la montée des tensions en RDC, ne voit aucune raison de critiquer l'élection contestée du 28 novembre. Et le journal de citer cette réponse faite par le gouvernement à une question des Verts au parlement, " le gouvernement fédéral suit de près les élections, mais ne considère pas que la crédibilité du processus électoral et des possibles résultats soit globalement remise en cause. "

Klimawandel Ruanda
Bûcherons dans la forêt de GishwatiImage : Simone Schlindwein

Reboiser en gagnant de l'argent

La conférence de Durban est terminée. La lutte contre le changement climatique n'a guère progressé. Mais dans le contexte de cette conférence la presse évoque un projet encourageant, qui pourrait servir de modèle à d'autres. Il se situe au Rwanda.Il s'agit très précisément de la forêt de Gishwati, dans l'ouest du Rwanda, près du lac Kivu. Dans les années 70, lit-on dans die tageszeitung, la forêt de Gishwati s'étendait sur 28 000 hectares. C'était alors la plus grande forêt pluviale du Rwanda. Et puis la Banque mondiale y a financé une plantation d'ananas. Plus tard des centaines de milliers de réfugiés se sont installés dans la région et ont déboisé pour se procurer du charbon de bois. Il ne reste plus aujourd'hui que 600 hectares. Faustin Gashsakamba, poursuit le journal, est là pour sauver ce qui peut encore l'être. Cet écologiste rwandais travaille pour l'organisation américaine Great Ape Trust, qui depuis 2008 reboise la forêt de Gishwati. Et surtout, souligne le journal, cette forêt de Gishwati peut absorber 200 000 tonnes de dioxyde de carbone par an. Le Rwanda peut vendre sous forme de crédits carbones cette quantié de CO2 à d'autres pays qui émettent eux-mêmes beaucoup de CO2. A cinq dollars la tonne de CO2, selon les directives de l'ONU, cela fait pour Gishwati un million de dollars par an, et cela devrait permettre prochainement au projet de Gashsakamba de s'autofinancer.

Simbabwe Diamanten
Une mine de diamants à Marange, ZimbabweImage : AP

Les diamants sales sont eux aussi éternels

Les diamants du sang, comme on les appelle, font leur réapparition dans la presse allemande. L'ONG Global Witness s'est retirée du processus de Kimberley et cela inquiète certains journaux. C'est le cas du quotidien Die Welt et de la Süddeutsche Zeitung, qui tous deux ont choisi le même titre: "le retour des diamants du sang", le titre de Die Welt étant simplement assorti d'un point d'interrogation. Combien de sang doit couler, demande la Süddeutsche Zeitung, pour que des pierres précieuses se transforment en diamants du sang? Il y a une décennie, la réponse était évidente: en Afrique de l'ouest des rébellions sadistes finançaient leurs agissements par le pillage de diamants. Les Nations unies étaient choquées, et les gouvernements des pays exportateurs fondèrent avec l'industrie et des organisations de défense des droits de l'homme une initiative appellée processus de Kimberley, du nom de la localité sud-africaine où eut lieu la première conférence. Depuis 2003, tous les diamants des pays producteurs doivent obtenir un certificat, une sorte de passeport qui interdit l'accès au marché aux insurgés, rebelles et criminels. Le diamant du sang pourtant n'avait disparu qu'en apparence. Il est, semble-t-il, de retour. Le retrait de Global Witness, souligne le journal, est un sérieux revers pour l'industrie du diamant. Mais le processus de Kimberley, qui reste dominé par les gouvernements, est rigide et divisé. Global Witness ne veut plus lui accorder son aval moral.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum