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Le congé maladie en question

Anne Le Touzé21 juin 2005

Peut-on considérer un jour de congé maladie, où l’on reste chez soi, comme un jour de vacances ? C’est du moins ce qu’affirme le président de la Fédération centrale de l’artisanat allemand, Otto Kentzler, qui suggère de comptabiliser les congés maladie comme des congés payés. Une offensive qui intervient à deux mois des élections législatives anticipées, et à un moment où l’Allemagne est plus que jamais tiraillée entre des réformes sociales difficiles et une économie toujours plus exigeante. Autant dire que les propos d’Otto Kentzler ont valu des commentaires aiguisés dans la presse allemande.

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Les congés maladies sont-ils des jours de vacances ?
Les congés maladies sont-ils des jours de vacances ?Image : AP

La proposition n’est pas seulement indélicate, mais elle arrive aussi à un mauvais moment, selon la Frankfurter Allgemeine Zeitung. En pleine campagne électorale, la classe politique ne peut que rejeter une telle initiative, elle qui d’habitude, est plutôt ouverte aux lamentations des entreprises. Otto Kentzler manque donc de discernement en ouvrant ce débat maintenant. Plus grave encore, il mélange deux données sociopolitiques qu’il vaudrait mieux laisser chacune de leur côté. En effet, poursuit le quotidien, les congés payés sont réglés par les partenaires sociaux, et c’est au patronat – à ses risques et périls – d’essayer d’imposer des changements dans ce domaine. Pour les congés maladie en revanche, seule une nouvelle législation pourrait changer la donne. Mais le journal rappelle qu’une telle loi avait été votée du temps du gouvernement Kohl après une bataille ardue contre les syndicats. Une loi ensuite annulée à l’arrivée de Gerhard Schröder en 1999, mais qui, en fin de compte, n’avait pas vraiment aidé l’économie.

La Frankfurter Rundschau, commente ironiquement l’indélicatesse du représentant des artisans. Toutefois, relève-t-elle, la classe politique n’est pas innocente dans le fait que l’on débatte sérieusement de ce genre d’inepties, puisqu'elle même n’a que le mot « concession » à la bouche. Le quotidien rappelle également que le niveau des congés maladies en Allemagne est au plus bas depuis 1992, et termine en citant une étude récemment publiée, qui prouve que les Allemands sont de plus en plus prêts à faire des heures supplémentaires non payées pour leur entreprise.

Une tendance d’ailleurs confirmée par le Kölner Stadt-Anzeiger : Les Allemands ont dit adieu depuis longtemps à leurs acquis sociaux, affirme le quotidien. Ils sont prêts à accepter des réformes, si on leur décrit de manière précise dans quelle direction on les emmène. Mais c’est une concession fragile de leur part, et de telles exigences portent atteinte à la justification éthique des réformes, car elles essaient d’imposer des intérêts personnels sous couvert de bien commun.