1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le gouvernement allemand augmente les retraites

Anne Le Touzé9 avril 2008

1,1% de plus à partir du mois de juillet, c'est ce qu'offre le gouvernement allemand aux 20 millions de retraités. Un an avant les élections législatives, ce cadeau électoral n'est pas très bien accueilli en Allemagne.

https://p.dw.com/p/Deus
En 2050, un tiers des Allemands aura plus de 64 ans. Qui paiera leur retraite? s'interroge la presse allemande.
En 2050, un tiers des Allemands aura plus de 64 ans. Qui paiera leur retraite? s'interroge la presse allemande.Image : picture-alliance / dpa

Un rapide sondage auprès des retraités suffit pour s'en rendre compte: le geste du gouvernement n'a pas atteint son objectif, constate la tageszeitung. Equivalent à huit euros d'augmentation mensuelle en moyenne, ce "pourboire" alloué par la grande coalition est même ressenti comme une provocation: depuis des années, le niveau des retraites baisse en Allemagne et ce n'est pas un petit pourcent qui y changera grand-chose. Pire encore, l'augmentation va surtout profiter aux retraités les plus riches.

Pour Die Welt, c'est un cadeau absurde. Certes, les retraités peuvent à juste titre se plaindre de la baisse de leur pouvoir d'achat. Mais la plupart sont également conscients que les actifs ont eux aussi moins d'argent dans le porte-monnaie. Par ailleurs, les stratèges des grands partis se trompent en considérant les séniors comme un groupe homogène. Pour le journal, c'est même insulter les retraités que de prétendre influencer leur vote en augmentant leur allocation mensuelle.

Pour les partis au pouvoir, dénonce la Süddeutsche Zeitung, il semble plus important de s'assurer les voix des retraités que de savoir comment on financera les retraites en 2050, lorsqu'un tiers des Allemands seront âgés de plus de 64 ans. Le comble, poursuit le journal, c'est que la génération actuelle des retraités est la plus favorisée: jamais les pensions n'ont été aussi élevées. Le nombre de retraités touchant le minimum vieillesse est de 400.000. Un chiffre qui peut paraître important, mais qui est sérieusement relativisé par les presque 2 millions d'enfants qui vivent en-dessous du seuil de pauvreté en Allemagne. La Süddeutsche Zeitung conclut: chaque centime que l'Etat accorde à l'augmentation des retraites (12 milliards d'euros au total) serait mieux placé dans le développement de structures d'accueil et de formation des enfants, afin d'éviter d'en faire des chômeurs de longue durée.

La Frankfurter Allgemeine Zeitung revient sur la question de façon plus globale: l'augmentation des retraites s'inscrit en effet dans une série de mesures qui, selon le ministre allemand de l'économie Michael Glos, menacent la croissance. Les "actes de charité" de la grande coalition ont un coût, prévient le journal. Un coût que vont porter les salariés, les chefs d'entreprise, les consommateurs et l'industrie - bref, tout le monde. Pour le moment, le bilan est encore positif, mais la croissance n'est pas éternelle. Le gouvernement d'Angela Merkel, poursuit la FAZ, ne suit plus l'Agenda 2010 (du nom des réformes engagées par son prédécesseur) mais mène une politique qui rappelle celle des années 1970: jadis, la coalition sociale-libérale avait multiplié les dépenses publiques, jusqu'à ce que la croissance s'effondre et que le chômage augmente. Pour le journal, la coalition serait donc mal avisée de retomber dans le même piège.