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Le Mali a gagné une bataille mais pas la guerre

Konstanze von Kotze1 février 2013

La situation au Mali et l'intervention de la France font encore couler beaucoup d'encre cette semaine. Les journaux allemands s'interessent également au procès contre Shell et à la CAN 2013

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Men sit outside a shop as Malian and French flags decorate the area in Sevare, about 600 km (400 miles) northeast of the capital Bamako January 25, 2013. Government forces advanced into northern Mali on Friday and reached the town of Hombori, some 160 km (100 miles) south of the Islamist rebel stronghold of Gao, after French air strikes drove back the militants, military sources said. REUTERS/Adama Diarra (MALI - Tags: POLITICS CONFLICT SOCIETY)
Mali Regierungstruppen auf dem Weg zu Hombori BevölkerungImage : Reuters

455 millions de dollars ou 338 millions d'euros, Fréjus c'est la somme qui a été réunie mardi dernier, à l'issue du sommet de l'Union africaine à Addis Abeba, pour la force africaine au Mali, la Misma. Die tageszeitung liste quelques contributions dans le détail : 50 millions de dollars de l'Union africaine et de l'Union européenne. 96 millions des Etats-Unis, 47 millions de la France et 20 millions pour l'Allemagne. Mais derrière ces chiffres impressionnants, poursuit le quotidien, se cachent bien des questions pour le moment sans réponse. A Bruxelles, on se demande par exemple pourquoi la contribution européenne n'est prévue que pour des dépenses non militaires. On s'interroge aussi sur l'utilité et l'objectif de la Misma. Officiellement elle doit aider l'armée malienne à reconquérir le nord du pays sauf que la France est déjà là et que c'est précisément ce qu'elle fait en ce moment. Et puis des eurodéputés se sont également inquiétés des modalités de la mission de formation de l'armée malienne par des instructeurs européens. Comment empêcher que les hommes, une fois formés, désertent et rejoignent des milices ennemies comme cela s'est déjà vu en Somalie et au Mali aussi ? Et puis comment mener cette mission de formation en parallèle des opérations militaires en cours ? Beaucoup d'argent mais peu de clarté, c'est le titre de cet article de die tageszeitung.

Responsabilité partagée

Pourquoi les Africains, ont-ils eu besoin d'aussi longtemps pour mettre sur pied une mission militaire capable de contrer la menace que représentent les islamistes pour le nord du Mali et pour toute la région ? s'interrogent la Süddeutsche Zeitung en début de semaine. Ces questions sont venues assombrir le sommet de l'Union africaine pourtant placé sous le thème "Panafricanisme et renaissance africaine". Deux jours plus tard, ce même journal publie un commentaire intitulé, le "devoir de l'Afrique". Avec les succès militaires engrangés par la France, on peut éventuellement affirmer que le pire est passé mais on peut assurément dire que le plus difficile est encore à venir.

Qui pour gouverner ?

Mali Geberkonferenz in Addis Abeba 29.01.2013
Le président malien par intérim Dioncounda Traoré a déclaré qu'il espérait pouvoir convoquer des élections avant le 31 juillet.Image : Simon Maina/AFP/Getty Images

Un avis partagé par de nombreux quotidiens cette semaine. Mais la Süddeutsche Zeitung souligne également que l'on aurait tord de réduire le conflit malien aux seuls terroristes. Comme d'habitude en temps de guerre - c'était la même chose en Libye et en Afghanistan - il faut d'abord que la fumée des premiers tirs se dissipe pour que les objectifs à long terme de l'intervention puissent occuper le devant de la scène. Ces dernières semaines, toute l'attention s'est portée sur la menace islamiste et le blocage politique à Bamako a été relégué au second plan. Pourtant les luttes de pouvoir continuent, rappelle le journal. Qui va diriger le pays à l'avenir et en particulier le nord ? On aurait tord d'attendre la fin des combats militaires pour répondre à cette question. Et pour y répondre il faudra forcément intégrer les touaregs du MNLA dans les discussions politiques et économiques sur l'avenir du Mali.

Berlin critiqué

La position allemande est une fois encore des plus inconfortables écrit par exemple la Neue Zürcher Zeitung. D'un côté, l'Allemagne ne peut pas faire comme si la guerre au Mali n'existait pas. D'un autre, elle entretient toujours autant d'aversion pour tout ce qui touche au militaire. Résultat, Berlin apparait de nouveau comme un partenaire peu fiable. Le magazine Stern se demande pour sa part où est passée la solidarité européenne qui marche pourtant si bien quand il s'agit de sauver les finances ? Dans le cas du Mali, on aurait souhaité que les Européens agissent ensemble en Afrique de l'Ouest et cela aurait très bien pu se faire sous commandement français. Mais non, dans cette affaire, contre tout bon sens, les intérêts individuels ont repris le dessus. Et la politique commune en matière de politique étrangère et de sécurité reste non seulement un vœux pieux mais aussi un motif de division supplémentaire pour les Européens qui n'en ont pourtant vraiment pas besoin en ce moment.

David contre Goliath

Shell Prozess Eric Dooh
Eric Dooh, l'un des plaignantsImage : picture-alliance/dpa

La presse commente par ailleurs le procès intenté par quatre pêcheurs nigérians au géant pétrolier Shell. La filiale de Shell au Nigeria a été reconnue partiellement responsable de pollution dans le Delta du Niger. Avant le verdict, l'hebdomadaire der Spiegel a publié un reportage sur cette affaire des "quatre pêcheurs contre Shell" estimant que quelle que soit l'issue du procès, il ferait date et surtout il aurait des conséquences. C'est en effet la première fois qu'une multinationale se retrouve devant une cour de justice européenne et doit justifier de dégâts écologiques dans un pays en voie de développement. Finalement le tribunal de la Haye n'a pas condamné Shell mais sa filiale et les deux parties semblent satisfaites. Il n'empêche écrit la Süddeutsche Zeitung cette décision crée un précédent peut-être historique. En tous cas, les groupes de défense de l'environnement pensent qu'il sera désormais plus difficile pour des entreprises implantées à l'étranger d'oublier leur responsabilité en matière d'écologie.

Can 2013, un tournant ?

Fussballspieler Dean Furman
Dean Furman (à gauche) lors d'un match contre la PologneImage : dapd

Quelques articles s'intéressent de près à l'ambiance qui règne au Mali alors que les Aigles ont réussi à se qualifier pour les quarts de finale. Mais il est aussi question du pays hôte, l'Afrique du Sud, également présente au prochain tour. Der Tagesspiegel relève d'ailleurs que ce n'est qu'après sa victoire contre le Maroc que la fièvre footballistique a de nouveau gagné le pays. Le quotidien s'intéresse de près au seul joueur blanc des Bafana Bafana, Dean Furman. Il est considéré par beaucoup comme celui qui a permis à l'équipe nationale de passer le premier tour. Depuis, les pages sport des journaux sont pleines d'histoires sur ce jeune homme de 24 ans et rapidement le débat sur la couleur de la peau qui ne disparaît jamais complètement dans ce pays a resurgit. L'équipe des Bafana Bafana a besoin de plus de blancs pour plus de discipline, disent certains. Les blancs sont trop lents et trop médiocres, clament les autres. Quand aux métis, ils n'arrivent pas à s'imposer, estiment les derniers. On oublie vite, écrit pour sa part le journal, que la dernière grande victoire sud-africaine, la Can 1996, a été possible grâce à une équipe composée de trois couleurs de peau, représentées de manière presque égale. Qui sait, conclut der Tagesspiegel, peut-être que la Can 2013 et le débat suscité par Dean Furman va ouvrir une nouvelle discussion, plus constructive sur le développement du football sud-africain et les préjugés qui l'entourent.