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Le monde aide l'Iran

Yvon Arsenijevic29 décembre 2003
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« Chaos et désespoir après le tremblement de terre en Iran » - « Les sauveteurs ne trouvent que des cadavres » - « L'Iran confirme : plus de 22 000 morts ». (On sait qu'entre-temps, les estimations parlent de 30 000 victimes !) Terribles photos à l'appui, tous les journaux allemands mettent en exergue l'ampleur de la catastrophe qui a frappé la ville iranienne de Bam vendredi dernier mais nos confrères de la presse écrite insistent aussi sur l'importance de la mobilisation internationale au chevet du pays meurtri. « Fenêtre humanitaire » titre l'éditorialiste de la Frankfurter Rundschau pour évoquer d'abord le caractère international de l'aide, son caractère naturel aussi, et incontestable - même à une époque où les conflits politiques et religieux sont plus acharnés que jamais - mais pour ajouter immédiatement que l'ouverture de cette « grande fenêtre » par Téhéran, elle, n'est pas aussi « naturelle » : lors du séisme de 1990 (qui avait fait 40 000 morts), l'Iran avait refusé en effet toute forme de ce que le Westfälischer Anzeiger appelle une « immixtion humanitaire de l'Occident ». Certes pas de la part d'Israel, comme le regrette la Leipziger Volkszeitung, là, pas question pour Téhéran de faire le moindre pas - mais au moins des États-Unis du président Busch qui ont pourtant placé le pays des mollahs sur l'« axe du mal ». Les Américains sont en Iran, officiellement, insiste la Süddeutsche Zeitung. Seulement voilà : s'ils n'ont pas trop de souci à se faire du côté de la population (elle les aime et leur présence ne peut que faire naître des espoirs), reste à savoir si le geste humanitaire peut prendre une envergure politique - donc jusqu'où un rapprochement peut cadrer avec les choix plus profonds de Téhéran et de Washington. Une question qui se transforme en doute dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung pour qui le geste humanitaire ne suffira pas pour « faire fondre les icebergs qui se sont amoncelés entre les deux pays. » Petit espoir quand même quand le journal ajoute que certains gestes peuvent malgré tout peut-être accélérer les choses. « Peut-être » - un mot qui revient aussi dans les Badische Neuesten Nachrichten : quand la solidarité internationale fonctionne, c'est un signe encourageant, écrit le journal, d'autant que des messages sibyllins venus à répétition de Téhéran ces derniers temps, laissent entendre qu' « on » est intéressé par une ouverture. L'aide internationale « inconditionnelle » accordée par l'Occident va peut-être donner des ailes aux forces politiques qui préconisent le rapprochement. Jusqu'à maintenant, en tout cas, écrit de son côté le Westfälische Anzeiger, aucun religieux au pouvoir à Téhéran, même parmi les plus rétifs, ne s'est opposé à l'immixtion humanitaire. Dommage, conclut le journal non sans amertume, dommage que pour en arriver à la coopération entre les hommes, il faille presque toujours une tragédie.