1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Le Nil objet de discorde

Marie-Ange Pioerron7 juin 2013

La polémique gonfle entre l'Egypte et l'Ethiopie. Les eaux du Nil en sont la cause. L'Ethiopie a commencé à détourner les eaux du Nil bleu pour préparer la construction d'un gigantesque barrage.

https://p.dw.com/p/18lw3
Le Nil bleu pendant l'opération de déviationImage : William Lloyd-George/AFP/Getty Images

Cela déclenche les foudres de l'Egypte qui juge que ses droits historiques sur le Nil sont menacés. Les journaux se font l'écho de cette dispute. L'Egypte est un don du Nil. L'historien grec Hérodote le savait dès le 5ème siècle avant J.C, écrit le Tagesspiegel de Berlin. Et rien n'a changé jusqu'à ce jour. Au pays des pharaons il ne pleut pratiquement jamais. 95% de la population égyptienne se pressent dans la vallée et le delta du Nil. Or voilà que le Caire a été surpris par l'opération de déviation des eaux du Nil bleu, entreprise quelques heures seulement après la fin d'une visite officielle du président égyptien Morsi à Addis Abeba. Il faut dire, note le journal, que pendant la révolution sur les bords du Nil, en Egypte, alors que tout était paralysé au Caire, Addis Abeba a pratiqué la politique du fait accompli. Quatre semaines après la chute de Hosni Moubarak, la première pierre du gigantesque barrage hydro-électrique "Grande Renaissance" a été posée près de la frontière soudanaise. Selon les experts égyptiens en hydraulique, le projet menace l'existence de l'Egypte. Car pour remplir le futur bassin l'Ethiopie va devoir puiser pendant cinq ans des milliards de mètres cubes d'eau dans le Nil bleu.

Der veschmutzte Nile
Le Nil au CaireImage : Nael Eltoukhy

La Süddeutsche Zeitung note de son côté que les diatribes anti-éthiopiennes, proférées par la classe politique égyptienne ne sont pas de nature à calmer les esprits. Ce qui s'est passé, relate le journal, c'est que le président Morsi a réuni autour de lui des responsables politiques et religieux, et que leurs propos ont été retransmis en direct à la télévision sans qu'ils en soient informés. Cela a donné des propositions du genre: soutenir des rebelles en Ethiopie pour faire pression sur Addis Abeba, faire détruire le barrage par les services secrets, simuler des plans d'attaque aérienne. Le président Morsi, note le journal, a eu l'intelligence de rester muet face aux propositions les plus sanguinaires, mais il se voit quand même reprocher maintenant de détruire les relations entre l'Egypte et l'Ethiopie.

TICAD-Konferenz in Yokohama
Le premier ministre japonais Shinzo Abe et le président malien par interim Dioncounda TraoréImage : picture alliance / AP Photo

Soleil levant en Afrique

Les relations entre le Japon et l'Afrique sont moins conflictuelles. La 5ème conférence internationale pour le développement de l'Afrique s'est achevée lundi dernier à Yokohama, près de Tokyo. Le Japon s'est engagé à fournir à l'Afrique une aide publique au développement de 10 milliards d'euros sur cinq ans. Mais comme le note la Frankfurter Allgemeine Zeitung, l'appui de Tokyo est lié à l'obtention de contrats pour des entreprises japonaises dans le développement des infrastructures. Le premier ministre japonais Shinzo Abe a fixé deux objectifs à sa politique étrangère depuis son entrée en fonction en décembre dernier: garantir des commandes à l'exportation pour l'économie japonaise et endiguer l'influence chinoise. L'économie africaine, qui croît en moyenne de 5,8% par an depuis 2000, est considérée par les entreprises japonaises comme un marché grandissant pour ses projets d'infrastructures. Le gouvernement nippon veut de plus avoir accès aux réserves de gaz et de pétrole de l'Afrique. Mais le retard du Japon en Afrique reste grand, souligne le journal. Comparé à la Chine, aux Etats Unis ou à la France, le Japon est très peu présent sur le continent. Selon les chiffres les plus récents le commerce sino-africain est cinq fois plus important qu'entre l'Afrique et le Japon.

Uganda Medienfreiheit Proteste 20.05.2013
Manifestation à Kampala contre les atteintes à la liberté de la presse, mai 2013Image : Reuters

Allemagne-Ouganda

La Chine est d'autant plus appréciée par les dirigeants africains qu'elle ne se préoccupe pas de savoir si les droits de l'homme sont respectés ou non. Pékin a par exemple accordé un crédit de 350 millions de dollars à l'Ouganda pour la construction d'une route entre Kampala et Entebbe. L'Allemagne, elle, est plus pointilleuse. Selon la presse la visite du ministre de la coopération Dirk Niebel à Kampala en est une illustration. Cette visite , lit-on dans la Süddeutsche Zeitung, a été l'occasion de négociations sur la future aide allemande. Or s'il y a en Ouganda toute une série de projets réussis, il y a aussi des atteintes à la liberté de la presse, des affaires de détournement de fonds. Pendant des années l'Allemagne a soutenu directement le gouvernement ougandais par une aide budgétaire de 40 millions d'euros par an. Désormais l'aide allemande ne sera plus attribuée que pour des projets bien précis: le développement des énergies renouvelables, l'approvisionnement en eau ou l'appui à la cour des comptes. "Exiger et encourager" c'est à cette formule que se résume maintenant l'approche du ministère de la coopération. Une approche qui doit par exemple encourager l'Ouganda à renoncer définitivement à son projet de loi prévoyant la peine de mort pour les homosexuels. Mais poursuit le journal, nul ne sait pendant combien de temps cette volonté d'exiger et d'encourager fonctionnera en Ouganda. Car pour le gouvernement de Kampala, une nouvelle richesse s'annonce avant la fin de cette décennie: des milliards de barrils de pétrole dorment sous terre près de la frontière avec la République démocratique du Congo.

Kupfermine Kongo
Mine de cuivre au KatangaImage : AFP/Getty Images

Radiations secrètes au Katanga

La RDC regorge de minerais. Mais comme l'explique un quotidien allemand, si le Katanga, la province minière la plus riche, est connu pour ses gisements de cuivre et de cobalt, il abrite aussi de l'uranium, exploité en secret. die tageszeitung pubie un long reportage sur le sujet. La mine de Shinkolobwe, qui a fourni l'uranium pour les bombes américaines larguées sur Hiroshima et Nagasaki est à 120 km de Lubumbashi . Depuis 2004 un décret présidentiel interdit l'extraction et l'exportation d'uranium. Mais selon une enquête des Nations unies l'uranium passe clandestinement les frontières de la Zambie et de la Tanzanie pour être exporté vers l'Iran et la Corée du nord. Le journal évoque aussi les effets de la radioactivité ambiante, avec des taux de malformation particulièrement élevés chez les nouveaux nés.