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Le Pakistan au lendemain de l'assassinat de Benazir Bhutto

Sandrine Blanchard28 décembre 2007

Les éditorialistes allemands reviennent largement sur l’assassinat de l’ancien premier ministre pakistanais et sur les répercussions que la disparition de Benazir Bhutto risque d’avoir sur l’avenir politique du pays.

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Image : AP

« Benazir Bhutto (1953-2007)», c’est la sobre légende qu’a choisie de mettre la Frankfurter Allgemeine Zeitung sous la photo de l’ancien premier ministre pakistanais qui figure en première page. La FAZ pour qui l’assassinat de Benazir Bhutto à Rawalpindi, ville de garnison, montre bien l’incapacité du régime militaire de Pervez Musharraf à assurer la sécurité dans le pays.

Même lorsque la situation est moins tendue qu’actuellement, peut-on lire dans la Süddeutsche Zeitung, diriger un pays comme le Pakistan, c’est un peu comme de chevaucher un tigre. Sauf que pour Pervez Musharraf, la situation a toujours été compliquée. Le quotidien munichois rappelle au passage que le régime du général pakistanais a été l’un des rares, avec l’Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis, à reconnaître officiellement le régime des taliban en Afghanistan, dont les services secrets de Musharraf étaient même les parrains. Jusqu’à ce que le Pakistan ait besoin de l’appui de Washington et que les Etats-Unis aient besoin d’Islamabad, Pervez Musharraf a alors réussi à se distancer des taliban tout en leur ménageant un terreau ethnique et idéologique favorable.

Les taliban pakistanais, qui se sont organisés sur le modèle afghan, sont les suspects n°1 cités par la tageszeitung. Certes, des partisans de Benazir Bhutto ont accusé, sous le coup de la colère, le régime militaire d’être impliqué dans l’attentat, mais, de l’avis de la taz, l’armée du Pakistan n’avait pas besoin de recourir à ce type de moyens expéditifs, étant donné que la popularité de Benazir Bhutto était entamée par différents scandales financiers. Par ailleurs, le journal estime que le Parti du Peuple pakistanais, le parti de Benazir Bhutto, doit désormais, à l’approche des élections, tenter de se libérer du joug féodal de la famille Bhutto.


Pour Die Welt, l’Etat pakistanais est désormais désincarné. Le quotidien écrit qu’avec la levée de l’état d’urgence décrété en novembre, et les candidatures de Benazir Bhutto et de Nawaz Sharif aux élections, le Pakistan a donné brièvement l’impression d’avoir une chance de sortir de l’instabilité et de la dictature. (Même s’il est vrai, concède Die Welt, que ni Benazir Bhutto ni Nawaz Sharif n’étaient connus pour être des démocrates irréprochables.) Toujours est-il que la mobilisation populaire de ces dernières semaines montrait bien la naissance d’une société civile consciente d’être un contrepoids aux autorités. Mais, écrit Die Welt, « cet espoir était trompeur. Le retour de Benazir Bhutto n’était pas placé sous une bonne étoile ». Et le journal de regretter qu’une fois de plus, l’occident ait misé sur un pays qui faisait des promesses de stabilité à ses alliés sans pouvoir ni vouloir les tenir.