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Le Pakistan renonce à la démocratie

Sandrine Blanchard5 novembre 2007

Les grands journaux allemands sont unanimes: en „une“, ils évoquent tous le Pakistan, où le président Musharraf a décrété l’état d’urgence ce week-end.

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Arrestations d'opposants
Arrestations d'opposantsImage : AP

Selon les titres, les photos de première page montrent les forces de l’ordre déployées dans les rues d’Islamabad, le général Musharraf en personne ou encore des scènes d’arrestations d’opposants.

Die Welt, par exemple, publie une photo prise sur le vif, qui montre des policiers casqués, en train d’arrêter un homme qu’une femme essaie de retenir par le bras. Die Welt qui titre sur la « déception suscitée par le Pakistan ». Les élections libres du mois de janvier étaient la pierre angulaire de la stratégie de George W. Bush dans le pays. Or, poursuit l’éditorialiste du journal, les Etats-Unis ne peuvent admettre de coup d’Etat chez l’un de leurs alliés. Surtout que le putsch de Musharraf ouvre un nouveau foyer de crise à l’est de l’Iran et de l’Afghanistan.

La Süddeutsche Zeitung va plus loin. Elle explique pourquoi, cette fois, l’attention occidentale ne laissera pas place à l’indifférence habituelle concernant les affaires intérieures pakistanaises. L’enjeu est trop important : à cause de la situation stratégique du pays, frontalier avec l’Inde et l’Afghanistan, et à cause, aussi de ce que le Pakistan est une puissance nucléaire. Or, continue la SZ, l’accession d’islamistes à la bombe atomique serait le pire cauchemar de l’occident. Musharraf le sait et tente d’en jouer pour conserver le soutien des Etats-Unis quoiqu’il advienne, tout comme il a pactisé avec ces mêmes islamistes pour faire taire les démocrates.

« Plus de 10 milliards de dollars d’aide économique et militaire ont afflué dans le pays depuis 2001, soi-disant pour soutenir les alliés des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme », rappelle pour sa part la Frankfurter Allgemeine Zeitung qui parle de « mauvais investissement » des Américains.

Pour la tageszeitung, ce nouveau putsch du général Musharraf, le deuxième après celui qui l’avait porté au pouvoir en 1999, n’est dû qu’à la soif de pouvoir du dirigeant. Le quotidien ne croit donc pas aux arguments avancés par le chef de l’Etat - le terrorisme et l’ingérence des instances judiciaires – et écrit que l’état d’urgence ruine les espoirs suscités par le rapprochement amorcé entre Pervez Musharraf et Benazir Bhutto. Et la taz de prédire que le général sera victime, comme de nombreux autres dictateurs avant lui, de son ambition démesurée, à force de confondre les intérêts de l’Etat et ses intérêts personnels.