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Le poids des mots...

23 décembre 2011

La presse allemande revient aujourd'hui sur les excuses officielles du président de la République d'Allemagne et sur la colère d'Ankara, à la suite du vote par Paris d'une loi réprimant la négation du génocide arménien.

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Le président Wulff n'exprime pas un vrai repentirImage : picture alliance / dpa

Pour Die Welt, les excuses officielles du président de la République, apparemment diffusées sans consultation préalable avec la chancelière, sont restées très concises. Pas un regret de trop et seulement sur ce que tout le monde sait déjà. Si Christian Wulff reconnaît officiellement avoir fauté, il n'admet toutefois qu'une erreur de forme, sans plus. On est loin d'un repentir. Pas la moindre trace d'humilité dans cette déclaration. Les mots du président de la République sont trop faibles. Cela ne peut en aucun cas constituer un trait final à cette affaire. Trop de choses restent en suspens.

Alors comme ça, tout est fini, on n'en parle plus ? lance la Frankfurter Rundschau. S'agissait-il seulement de savoir ce que Christian Wulff aurait dû dire et quand ? Une telle déclaration effectuée sous la pression de l'opinion publique n'a pas grande valeur. Et puis, qu'a dit le président de la République ? Qu'il avait été mal inspiré d'accepter un crédit privé ? Qu'il avait été mal venu de passer ses vacances dans les résidences luxueuses d'amis fortunés ? Non ! Cela montre bien que Christian Wulff n'a toujours pas saisi la dimension du problème. Il sera peut-être plus prudent à l'avenir, mais pas plus avisé.

Armenien Frankreich Genozid Völkermord Vertreibung Denkmal in Eriwan Nicolas Sarkozy und Serge Sarkisian
Paris avait déjà reconnu officiellement le génocide arménienImage : AP

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung également, cette affaire ne peut pas être résolue avec un simple « Je m'excuse ! ». Christian Wulff devrait savoir qu'il a gâché ainsi la confiance des citoyens en une autorité morale qui les représente. Pour retrouver cette confiance, il va devoir tout reprendre depuis le début. À condition que d'autres faits « gênants » de son passé n'apparaissent pas. Le quotidien de Francfort-sur-le-Main revient aussi dans ses colonnes sur la brouille intervenue entre Paris et Ankara, à la suite du vote par les députés français d'une loi criminalisant la négation du génocide arménien.

Ce qui fait dire à la Süddeutsche Zeitung : apparemment, le gouvernement de Tayyip Erdogan n'est pas encore prêt pour entrer dans l'Union européenne. Ses menaces exagérées contre la France le montrent amplement. Pour autant, critiquer Ankara ne signifie pas féliciter Paris pour cette loi car elle empoisonne les relations avec un partenaire important. Quand la Syrie flambe, que l'Iran attise les tensions et que l'Afghanistan vacille, Ankara est un facteur stabilisateur plus que jamais nécessaire dans cette région du monde. La France devrait retirer cette loi et Ankara enfin assumer ses responsabilités vis-à-vis de l'Histoire, conclut le quotidien de Munich.

Symbolbild Beziehungen Türkei und Frankreich
Le torchon brûle entre Paris et AnkaraImage : picture alliance/AFP Creative

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Sébastien Martineau