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Le président que personne ne veut féliciter

Aude Gensbittel11 mars 2013

A la Une : la victoire à l’élection présidentielle au Kenya d’Uhuru Kenyatta, candidat inculpé par la Cour pénale internationale pour son rôle dans les violences post-électorales, il y a cinq ans.

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Kenyatta a recueilli 50,07% des voix
Kenyatta a recueilli 50,07% des voixImage : REUTERS

« Le président que personne ne veut féliciter, » titre Die Welt. Face au déroulement paisible du scrutin, le soulagement est certes grand, mais les réactions réservées des dirigeants occidentaux laissent pressentir à quel point les relations internationales avec le nouveau gouvernement pourraient être difficiles. D'un côté, le Kenya a une grande importance stratégique dans la région sur les plans politique et économique. De l'autre, il n'y a pas vraiment de précédent sur la manière de traiter un chef d'Etat inculpé par la Cour pénale internationale.

La Süddeutsche Zeitung estime que le président élu ne subira pas le même sort que le chef d'Etat soudanais Omar el-Béchir, inculpé par la CPI et paria sur la scène internationale. Contrairement à lui, Uhuru Kenyatta a jusqu'à présent coopéré avec la Cour et ainsi évité un mandat d'arrêt. Comme dans tout procès en cours, tout inculpé est d'abord présumé innocent et même les adversaires politiques de Kenyatta lui reconnaissent des qualités de dirigeants, ainsi que la volonté de faire d'un pays divisé sur le plan ethnique une véritable nation unie.

Le Premier ministre sortant Raila Odinga dénonce des « fraudes massives »
Le Premier ministre sortant Raila Odinga dénonce des « fraudes massives »Image : Getty Images/AFP

Le Tagesspiegel relève de son côté que le Kenya n'est pas encore sorti de la zone de danger. Selon le résultat du recours de Raila Odinga, le principal rival de Kenyatta, devant la Cour suprême, des violences comme il y a cinq ans ne sont pas exclues. Toutefois, depuis, la situation a changé dans le pays. La nouvelle constitution a permis de redonner confiance dans les institutions de l'Etat, il y a une séparation claire des pouvoirs. Et cette fois-ci, Odinga n'a pas appelé à des manifestations de masse, mais veut aller devant la justice pour dénoncer des fraudes.

Die Tageszeitung s'insurge contre la communauté internationale, qui tourne le dos au candidat victorieux. Uhuru Kenyatta n'est pas condamné par la CPI, il est inculpé pour « complicité indirecte » dans deux attaques de milices lors des violences d'il y a cinq ans. Il a promis sa coopération avec la CPI, que veut-on de plus ? On ne peut pas exiger de faire un exemple de Kenyatta, alors qu'on n'a pas eu le courage de la faire pour les deux candidats rivaux de l'époque, Raila Odinga et Mwai Kibaki. Sa victoire devrait plutôt être vue comme l'occasion de tourner la page pour permettre au Kenya de retrouver la normalité.

Suite à la présidentielle de 2007, des violences avaient fait plus de 1000 morts
Suite à la présidentielle de 2007, des violences avaient fait plus de 1000 mortsImage : Getty Images