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Le problème chypriote persiste

Aude Gensbittel1 août 2005

La Turquie vient de signer un accord qui élargit son union douanière aux dix nouveaux pays membres de l’Union Européenne, dont la République de Chypre. Une signature demandée depuis longtemps par les Européens, et qui ouvre la voie pour le pays au début de négociations d’adhésion le 3 octobre.

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L'île de Chypre, séparée depuis 1974
L'île de Chypre, séparée depuis 1974Image : DW

Mais malgré cet accord, Ankara refuse toujours de reconnaître Chypre. L’île est divisée depuis l’intervention militaire turque de 1974, et seule la partie grecque est entrée en mai 2004 dans l’Union Européenne. Pour la plupart des journaux allemands, le problème chypriote est encore loin d’être résolu.

Autrefois, si un premier ministre turc avait signé un accord qui reconnaît de facto le gouvernement chypriote grec, il aurait été renversé par la population, écrit la Tageszeitung. Même si Recep Tayyip Erdogan a déclaré au même moment qu’il refusait cette reconnaissance, la Turquie a bel et bien conclu un accord économique avec Nicosie. Un paradoxe, mais qui était inévitable. Car le chef de gouvernement n’avait pas d’autre choix s’il voulait entamer les négociations d’adhésion avec l’Union Européenne le 3 octobre.

Pour la Frankfurter Rundschau, avec la signature de l’accord d’union douanière, le gouvernement turc a fait tomber l’un des derniers obstacles à l’ouverture de négociations d’adhésion – pour en créer un nouveau elle-même avec sa déclaration sur Chypre. Il s’agit d’une véritable absurdité politique : d’une part la Turquie veut négocier son entrée à l’Union Européenne, d’autre part elle ne reconnaît pas l’un de ses membres, à savoir la République de Chypre.

L’année dernière, l’Union Européenne a décidé d’accueillir l’île de Chypre en l’état, malgré sa triste situation politique, écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung. A l’époque, beaucoup avaient prédit que cela ne pourrait que créer des problèmes. Et pour le journal, cela vient de se vérifier. On a certes poussé Ankara à élargir son union douanière, mais on s’attendait à ce que la reconnaissance de Chypre aille de pair. Si les négociations d’adhésion commencent de cette façon, cela ne laisse rien présager de bon pour la suite des événements.

Les débats sur la candidature d’Ankara à l’Union Européenne deviennent de plus en plus grotesques, estime la Berliner Zeitung. Au cours des 15 dernières années, on n’avait jamais fait autant de compromis avec un pays candidat avant même le début des négociations d’adhésion. Les violations des droits de l’Homme, la politique répressive envers les Kurdes, le refus de reconnaître le génocide arménien – tout cela est visiblement secondaire. On comprend quand on regarde de près les recommandations de la Commission européenne pour les négociations d’adhésion. Les mots-clés sont : situation stratégique pour l’approvisionnement en énergie, pétrole de la Mer Caspienne, marchés d’Asie centrale et énorme potentiel militaire. Autrement dit, une adhésion de la Turquie ferait de l’Europe un acteur politique mondial de premier rang.