Le rendez-vous de l'amitié?
22 mai 2006Les no-go areas. C’est le terme employé la semaine dernière par Uwe-Karsten Heye, ancien porte-parole du gouvernement Schröder pour désigner certaines villes du Brandebourg, région de l’ex-RDA située autour de Berlin, des villes où il ne fait pas bon aller si on a une couleur de peau différente. Un avertissement qui a d’abord été stigmatisé, notamment par le ministre de l’Intérieur Wolfgang Schäuble, mais qui ne cesse de se vérifier : depuis Pâques, trois personnes de couleur ont été victimes d'agressions racistes à Potsdam, Berlin et Wismar (trois villes de l’Est), et vendredi, c’est un député régional allemand d'origine kurde qui a dû être hospitalisé après avoir été violemment agressé par deux inconnus qui l'ont traité de « sale étranger, sale Turc » et qui l'ont frappé avec une bouteille. Gyasettin Sayan, élu du Parti de gauche au parlement régional de Berlin, 56 ans, souffre désormais d'une commotion cérébrale et de contusions.
Cette agression intervient au moment où Wolfgang Schaüble, celui donc qui avait qualifié les propos d’Uwe-Karsten Heye de « raccourcis », a publié les chiffres 2005 de l’Office de protection de la Constitution, office chargé du contre-espionnage, de la lutte contre le terrorisme et les extrémismes. Les résultats en disent long : les délits d’extrême-droite ont enregistré une hausse de 27% en un an, les violences commises par des membres d’extrême-droite, elles, ont augmenté de 23%. Il y aurait désormais 4100 personnes qui adhèrent à ces idées. 4100 agresseurs potentiels. De quoi inquiéter sérieusement les supporters venus d’Afrique. Et les propos rassurants du ministre de l’Intérieur ne changeront rien à l’affaire. Wolfgang Schäuble a affirmé que le gouvernement allemand ne tolèrerait aucune forme de xénophobie ni d’antisémitisme pendant la Coupe du monde. Il ne doit pas y avoir de zones interdites pour les étrangers, a-t-il déclaré. Il n’y a aucune région en Allemagne où l’Etat n’a pas le monopole de la force. Tous les gens doivent se sentir ici en sécurité. En espérant donc qu’il ait raison et que le rendez-vous de l’amitié ne se transforme pas en rendez-vous de la haine…