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Le salaire minimum fait aussi des malheureux

Konstanze von Kotze4 juillet 2014

A la Une : l'adoption, jeudi, de la loi instaurant un salaire minimum en Allemagne. Si cette petite révolution a été votée à une large majorité par les députés, elle fait moins l'unanimité au sein de la presse.

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Selon les estimations du parti social démocrate, 4 millions de salariés devraient voir gonfler leur fiche de paie au 1er janvier 2015
Selon les estimations du parti social démocrate, 4 millions de salariés devraient voir gonfler leur fiche de paie au 1er janvier 2015Image : picture-alliance/dpa

Parmi les journaux qui critiquent l'instauration d'un salaire plancher de 8,50 euros bruts de l'heure, il y a notamment die Welt. Les conséquences sociales de cette mesure, qui doit entrer en vigueur en 2015, vont être nombreuses, estime le quotidien. Les chômeurs de longue durée et les personnes non qualifiées n'auront pratiquement aucune chance de trouver un emploi. Idem pour les stagiaires. Les prix vont augmenter et aller chez le coiffeur deviendra pour certains un luxe. Le travail au noir va se multiplier tout comme les délocalisations au-delà de la frontière, vers l'Europe de l'Est. Bref, si les Allemands croient que leur pays est devenu un peu plus juste, ils se trompent insiste le journal.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, le salaire minimum représente également une césure. Contrairement à l'usage qui veut que les salaires soient négociés entre le patronat et les employés, cette loi résulte d'un arrangement entre partis politiques et syndicats. L'Etat ne pouvant pas forcer les entreprises à garder des postes qui ne sont pas rentables, de nombreux emplois vont disparaitre, s'inquiète le journal. Si l'Allemagne avait pris le soin de regarder autour d'elle pour voir ce qui se passe dans les pays qui ont un salaire minimum, elle se serait peut-être montrée plus prudente.

Outre le salaire minimum, le Bundestag a par ailleurs décidé, jeudi aussi, de réformer le droit d'asile et de faciliter l'accession à la double nationalité pour les enfants étrangers vivant sur son sol. La Süddeutsche Zeitung se montre sévère qualifiant ces deux textes respectivement d'insensible et de mesquin. D'une part, les réfugiés venant de Serbie, de Macédoine et de Bosnie-Herzégovine ne pourront plus obtenir le droit d'asile, peu importe ce qu'ils ont vécu dans leur pays d'origine. D'autre part, il sera certes plus facile d'obtenir deux nationalités pour les enfants étrangers mais la nouvelle loi ne prend toujours pas assez leurs intérêts en compte.

Deutschland Schule wird von Flüchtlingen weiter besetzt in Berlin
Manifestation en faveur des réfugiés dans une école berlinoiseImage : picture-alliance/dpa

die Tageszeitung se montre également critique envers la politique d'asile du gouvernement et de la mairie de Berlin. Ces derniers jours, la capitale a été le théâtre de manifestations de soutien à un groupe de réfugiés menacé d'expulsion. Il est tout de même incroyable, écrit le journal, que des personnes qui ont fui un pays en guerre pour se retrouver en Allemagne en viennent à brandir la menace du suicide pour se faire accueillir ! Le quotidien espère que les Berlinois vont continuer à se mobiliser pour sauver ces réfugiés mais aussi que la politique au niveau national va se décider à considérer et à traiter les réfugiés non plus comme un problème mais comme des êtres humains.