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Le salaire minimum: Oui ou non?

Yann Durand31 janvier 2007

Le débat sur l’éventuelle instauration d’un salaire minimum en Allemagne continue au sein de la grande coalition. Le SPD, par l’intermédiaire du vice-chancelier Franz Müntefering, a réitéré son intention de permettre à 3,4 millions d’employés d’établir des tarifs incompressibles. Cela concernerait certains secteurs notamment dans le tertiaire. L’Union en revanche n’est pas favorable au projet, qui selon elle, risque de nuire au marché du travail. Angela Merkel toutefois s’est dite prête à discuter d’un compromis.

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Franz Müntefering et Angela Merkel leur parti respectif s'opposent sur la question du salaire minimum
Franz Müntefering et Angela Merkel leur parti respectif s'opposent sur la question du salaire minimumImage : AP

Le salaire minimum est sans aucun doute populaire. Et pourtant il ne peut fonctionner, affirme le quotidien Die Welt. En dessous du tarif pratiqué sur le marché, il est sans effets et au dessus, il élimine des emplois. Les supposés gagnants de cette réforme, les petits salaires seraient en fait les perdants, analyse le journal : Leurs postes avec un salaire minimum seront tellement coûteux, qu’ils ne seront plus compétitifs. Les tâches simples seront délocalisées à l’étranger ou confiées au travail au noir ou même à des machines.

Le salaire minimum va arriver, même si l’Union se fait prier. Car selon la Tageszeitung de Berlin, l’État est pillé par les entreprises. Leur astuce est simple : Elles rémunèrent au plus bas et attendent des employés qu’ils réclament des allocations chômage de niveau II pour combler le vide. 550 000 salariés sont dans ce cas contre 367 000 l’année précédente. C’est justement dans une phase de croissance, s’étonne la TAZ, que de plus en plus de gens font l’expérience d’un travail insuffisant pour vivre, tandis que les profits des entreprises bouillonnent. Le journal en conclu que seul un salaire minimum peut aider qui dépasse au moins Hartz IV.

Salaire minimum et salaire combiné, ne font pas bon ménage, constate la Süddeutsche Zeitung. Les partis pourraient l’accepter mais ils ne le font pas par crainte de se retrouver les mains vides devant les électeurs et les militants. Par conséquent on veut rendre compatible ce qui ne l’est pas et chacun tente d’imposer le maximum de ces idées. Une bataille qui promet le pire des compromis prévient le quotidien : quelques salaires combinés ici, un peu de salaire minimum là. Un peu moins de protection contre le licenciement pour faire plaisir à l’Union et de nouveaux emplois à la charge de l’État au grand bonheur du SPD.

La Frankfurter Rundschau fait du salaire minimum son thème du jour, illustré par la photo de deux mains coupant les cheveux jaunes fluo d’une jeune beauté. La légende : Dans le brandebourg la convention des artisans coiffeurs fixe le tarif horaire à 2 euros 75. Le journal rappelle que les syndicats veulent un minimum de 7,50 euros et assène en outre quelques vérités et contre vérité : Le dumping salarial n’est pas un problème de jeune, deux tiers des concernés ont 30 ans et plus, le manque de qualification n’est pas déterminant, 60 % des petits salaires ont au moins une formation en poche, en revanche 65% des sous-payés sont bien des femmes. Et enfin contrairement au cliché, le salaire minimum ne nuit pas au marché du travail : depuis son instauration en Grande-Bretagne, le chômage a baissé.