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Le souvenir de Rafic Hariri déstabilise le Liban

18 janvier 2011

Le Liban est toujours dans l'attente d'un nouveau gouvernement après le départ la semaine dernière des ministres du Hezbollah du gouvernement. L'enquête sur l'assassinat de Rafic Hariri crée de vives tensions.

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Dans le pays, la tension monte au sein des différents groupes politiques alors qu’aux Pays-Bas, le TSL, le Tribunal spécial pour le Liban s’apprête à publier l’acte d’accusation du procès sur l’assassinat en 2005 de l’ancien Premier ministre, Rafic Hariri. Le camp Hariri soutient pleinement le travail du tribunal. Le mouvement chiite du Hezbollah, qui devrait être mis en cause par l'acte d’accusation, parle d’ingérence internationale.

Six ans après l’assassinat de Rafic Hariri à Beyrouth, le Tribunal spécial sur le Liban lance donc une procédure judiciaire. Le procureur en chef du TSL, Daniel Bellemare, a réuni une quantité de documents et présomptions contre des personnes suspectées d’être impliquées dans cet attentat à la bombe qui avait fait 23 morts en février 2005 dans la capitale libanaise. C’est la première fois qu’une procédure judiciaire est lancée par un tribunal international contre les responsables d'un assassinat politique au Liban. La remise de l'acte d'accusation au TSL par le procureur lance la phase judiciaire du travail du tribunal, qui a commencé ses travaux le 1er mars 2009.

Tous les observateurs s’attendent à ce que des membres du Hezbollah soient accusés d’implication dans le meurtre de Rafic Hariri.

Hezbollah im Libanon
Un passant devant une image murale à la gloire du HezbollahImage : Reese Erlich

Cependant, l’acte d'accusation reste confidentiel pour le moment. « Toute spéculation sur son contenu serait contre-productive », a souligné le procureur du TSL à Leidschendam, près de La Haye, aux Pays-Bas. « S'il est confirmé, le contenu du document sera rendu public en temps voulu, sur décision du juge », a souligné le magistrat canadien Daniel Bellemare. Si le juge estime que les preuves avancées sont suffisantes et qu’un procès doit être ouvert, alors des mandats d’arrêt seraient formulés et les noms des accusés publiés. Mais cela pourrait durer encore plusieurs semaines.

Le Hezbollah avait fait pression pour que le fils de la victime et Premier ministre Saad Hariri désavoue le TSL et des inquiétudes existent quant aux conséquences pour la stabilité du Liban, en cas de procès contre des membres de ce parti. Surtout après l’éclatement du gouvernement du sunnite Saad Hariri, dû au départ des 11 ministres liés au Hezbollah chiite, pro-syrien et pro-iranien.

Hisbollah Sayyed Hassan Nasrallah
Le chef du Hezbollah, Hassan NasrallahImage : picture-alliance/dpa

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lui-même a appelé au calme et souligné qu’une « procédure juridique indépendante ne devait pas être liée à des débats politiques ». Mais dans son ensemble, la communauté internationale a salué le fait qu’un acte d’accusation soit formulé. Le président américain Barack Obama a parlé d’un « pas important » pour mettre un terme à une époque où des assassinats politiques restaient « impunis » au Liban.

Cependant, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui accuse le Tribunal d’être à la solde d’Israël et des Etats-Unis, a menacé le TSL de sérieuses conséquences, avant même de connaître les termes de l’acte d’accusation.

Au Liban, l'armée a renforcé sa présence dans plusieurs quartiers de Beyrouth et plusieurs écoles ont demandé aux parents de venir chercher leurs enfants après l'apparition, tôt ce mardi matin, de centaines de jeunes en plusieurs endroits de l'ouest de la capitale. Une zone où le Hezbollah et son allié, le mouvement Amal, sont très présents. Quelques établissements scolaires ont carrément fermé leurs portes par crainte de violences.

Auteur : Philippe Pognan
Editeur : Christophe Lascombes, Sébastien Martineau