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Le vent tourne pour Erdogan

Aude Gensbittel27 décembre 2013

La crise se poursuit en Turquie, suite à une affaire de corruption impliquant le pouvoir . Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a remanié son gouvernement, mais cela ne suffit visiblement pas à apaiser les esprits.

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Le 25 décembre, des manifestants ont réclamé la démission du gouvernement
Le 25 décembre, des manifestants ont réclamé la démission du gouvernement à IstanbulImage : picture-alliance/dpa

Nouveau départ après la « conspiration », titre die Welt, qui publie en première page une photo de la nouvelle équipe gouvernementale turque, attablée autour du président Abdullah Gül. Le journal rapporte que le Premier ministre Erdogan a évoqué une « conspiration » contre son gouvernement, son parti, l'AKP, et contre la Turquie. Mais selon lui, l'AKP est « blanc comme neige ».

Le scandale de corruption en Turquie est-il seulement un « sale complot » contre le gouvernement, comme le prétend le Premier ministre ? se demande la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Recep Tayyip Erdogan formule toujours ce genre de reproches quand quelque chose va de travers dans son pays. Le chef du gouvernement peut peut-être regrouper autour de lui des personnes qui lui sont loyales pour affronter les critiques de la police et de la justice. Mais on a de plus en plus l'impression que le vent commence à tourner pour Erdogan. Et ce scandale pourrait se transformer en crise nationale.

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a nommé dix nouveaux ministres
Mercredi le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a nommé dix nouveaux ministresImage : picture-alliance/AP Photo

A leur arrivée au pouvoir, le gouvernement d'Erdogan et son parti avaient promis de lutter contre la corruption endémique en Turquie, rappelle la Franfurter Rundschau. Mais entretemps, la seule chose qui semble les différencier de leurs prédécesseurs, c'est qu'ils sont encore plus avides. Pour le journal, il y a toutefois une bonne nouvelle : contrairement à autrefois, ce n'est pas l'armée qui intervient quand le pays va mal, mais les instruments de l'Etat de droit et de la séparation des pouvoirs. Si les procureurs parviennent à présenter des preuves solides et à lutter efficacement contre la corruption, alors la démocratie turque ressortira renforcée de la crise.

Pour die tageszeitung, depuis que le scandale de corruption touche personnellement le Premier ministre, plus rien n'est impensable en Turquie, même pas ce que la grande majorité des Turcs a du mal à s'imaginer : un gouvernement sans Erdogan. Il est possible que des reproches accablants contre lui ou un membre de sa famille poussent le parti AKP à exiger la démission de son président, ou bien, ce qui est plus probable, que les électeurs se détournent lors du scrutin de mars prochain et qu'Erdogan doive abandonner le pouvoir. A moins que le nouveau gouvernement ne parvienne à se sortir de la crise. Quoi qu'il en soit, une chose est sûre : la stabilité des dix dernières années est révolue et les mois à venir vont profondément transformer la Turquie.

Les protestations contre le gouvernement ont aussi atteint le parlement
Les protestations contre le gouvernement ont aussi atteint le parlementImage : Reuters