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L'Egypte sous tension à la veille des législatives

Christophe Lascombes27 novembre 2011

Des dizaines de milliers d'Égyptiens ont manifesté dimanche et réclamé la fin du pouvoir militaire, à l'aube des premières élections de l'après-Moubarak considérées comme cruciales pour la transition politique du pays.

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Les Égyptiens de nouveau dans la rue pour protester contre les militairesImage : dapd
Le chef du pouvoir militaire en Egypte a averti en même temps que l'armée, contestée par des manifestants qui réclament un transfert rapide du pouvoir aux civils, ne tolèrera aucune pression. Le maréchal Hussein Tantaoui a en outre affirmé avoir demandé à Mohamed ElBaradei et Amr Moussa, deux figures influentes sur la scène politique, de soutenir le Premier ministre désigné Kamal el-Ganzouri, laissant entendre qu'il ne renoncerait pas à ce dernier, dont la nomination vendredi est contestée par la rue.

Selon un sondage du Conseil des ministres égyptiens publié fin septembre, 35$% des Égyptiens disaient vouloir soutenir les Frères musulmans, considérés comme la force politique la mieux organisée du pays.

Sur la place Tahrir, épicentre de la révolution égyptienne, ils ne sont pourtant plus les bienvenus. Graffitis, affiches et pancartes sont éloquents : « Les Frères musulmans sont comme l'ancien régime ». Ou bien encore : « Les Frères musulmans trahissent la révolution, ils pactisent avec les militaires. » Tout en réclamant, comme les manifestants la fin du pouvoir militaire en place depuis la chute en février de Hosni Moubarak, les Frères musulmans ont pourtant boycotté les rassemblements qui secouent le pays depuis plus d'une semaine. Leur aile politique, le parti « Liberté et Justice», a continué sa campagne électorale, appelé ses membres à cesser de manifester et pris ses distances avec les contestataires qui considèrent comme une trahison le deal passé avec le Conseil Militaire : ménager l'armée avant les législatives. « Les Frères musulmans sont des opportunistes », lance Amira, une manifestante. « Ils veulent seulement renforcer leur influence. L'Égypte, ils s'en moquent. »

Toutefois, la nouvelle politique du parti ne remporte pas l'adhésion de tous ses membres. Dans un entretien accordé à la chaîne arabe Al Djazira, Joseph Kechichian, expert du Proche-Orient considère que ce changement de cap va coûter beaucoup en crédibilité à la Confrérie. « C'est une grosse erreur tactique, ajoute-t-il, qui va lui faire perdre beaucoup en matière de soutien et de membres ».

Ägypten Wahl Wahlen 2011 Feldmarschall Hussein Tantawi
Hussein Tantawi, l'homme fort du régime égyptien, refuse d'entendre la rueImage : picture alliance/dpa

Les Frères musulmans ont réclamé dimanche que le prochain gouvernement soit formé par la majorité parlementaire. Les autres partis politiques, qui voulaient coaliser avec le parti « Liberté et Justice », sont en colère. Ayman Nour, candidat libéral à la présidentielle, a déclaré dans une conférence de presse vouloir réviser son alliance avec ce parti. Et deux autres formations politiques lui ont emboîté le pas.

Depuis vendredi, des contre-manifestations de soutien à l'armée ont parallèlement eu lieu au Caire rassemblant des dizaines de milliers d'Égyptiens. Toutes ces rivalités font craindre la dislocation du mouvement révolutionnaire et que le scrutin législatif soit émaillé de violences. Selon le quotidien gouvernemental Al-Akhbar, ces divergences pourraient se transformer en divisions et de là, en guerre entre des groupes qui étaient, il y a quelques mois encore, un seul bloc appelant à la chute du régime ».

L'armée égyptienne avait promis de rendre le pouvoir à une autorité civile après une élection présidentielle qui doit se tenir avant fin juin 2012. Jusqu'à présent, rien n'indique qu'elle veut revenir sur cette promesse.

Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Mulaye Abdel Aziz