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Les étudiants afghans ont soif de formation

17 mai 2012

En Afghanistan, l'éducation n'est pas une priorité. La lutte contre les taliban absorbe la plupart des recettes de l'Etat. Mais à l'université de Kaboul, la plus grande du pays, c'est la ruée dans les salles de cours.

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Nous sommes dans la salle de cours du professeur Abdul Iqrar Wasel. Il présente avec force gesticulation le droit de punir de l'État mais aussi le droit de la défense. Quelques 50 étudiants se penchent sur leurs papiers et notent aussi vite qu'ils le peuvent. Ils ne disposent ni d'ordinateur, ni de livres. Une quinzaine de jeunes filles sont assises dans les premiers rangs. « Il est très important que de nombreux jeunes Afghans viennent étudier à notre faculté, explique l'une d'elles. Car une fois qu'ils auront acquis leur diplôme ils iront travailler au ministère de la Justice ou de l'Intérieur. J'espère que ces jeunes pourront reconstruire notre pays et qu'ils le changeront - si nous préparons bien le terrain maintenant. »

L'université de Kaboul accueille environ 10.000 étudiants
L'université de Kaboul accueille environ 10.000 étudiantsImage : DW

La faculté de droit de l'université de Kaboul accueille actuellement quelques 1400 étudiants divisés en deux équipes. C'est le seul moyen pour mettre assez de place à leur disposition. Les études normales sont gratuites. Pour les cours du soir, en formation continue, il faut contribuer à raison de 80 euros par semestre. Une somme énorme pour la majorité des Afghans. « C'est ici la seule faculté où nous pouvons apprendre comment notre État et notre société sont construits, comment d'autres pays fonctionnent », témoigne Dunia. Elle a eu la chance d'obtenir une des rares places d'étude. « Nous apprenons aussi les droits et les devoirs des États entre eux. L'Afghanistan s'est beaucoup modifié ces dernières années, mais en comparaison avec d'autres pays, il n'a pas encore réussi sa percée. »

A 18 ans, Dunia est une jeune fille moderne. Elle porte des jeans, une longue blouse noire et une veste à la mode. Elle est maquillée. Son rêve est de travailler plus tard au ministère des Affaires étrangères de l'Afghanistan - de préférence en tant que diplomate. Comme elle, quelque 150 000 jeunes ont passé l'examen d'entrée à l'université. Seuls 40 000 d'entre eux ont obtenu une place. Ce qui provoque évidemment une grande frustration parmi les recalés.

Besoin de transparence

Mais dans la majorité des universités privées et publiques, on manque de tout : de professeurs qualifiés, de programmes modernes, de livres, d'ordinateurs connectés, de salles d'études et de logements pour étudiants. Presque tous les étudiants qui veulent poursuivre des études au niveau du master doivent s'exiler : au Pakistan, en Inde ou en Iran. Trente ans de guerre ont laissé des traces. A 19 ans, Farid voudrait que l'argent des donateurs aille directement dans le budget des universités : « La communauté internationale doit imposer plus de transparence », estime-t-il. Selon lui, des millions de dollars sont envoyés en Afghanistan, mais très peu parviennent à ceux qui en ont réellement besoin. « Notre gouvernement est complètement corrompu. Les politiques peuvent se servir de cet argent parce qu'il ne va pas directement dans les projets. La transparence doit être d'autant plus importante pour les donateurs », souligne encore Farid.

C'est l'appareil militaire qui bénéficie de l'argent de la communauté internationale. Et pendant ce temps Farid rêve d'études à l'université de Kaboul et d'une carrière d'économiste...

Auteurs: Sandra Petersmann, Elisabeth Cadot
Edition : Anne Le Touzé