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Les abstentionnistes donnent de la voix

Anne-Julie Martin / Sandrine Blanchard24 septembre 2009

Selon le sondage Infratest Dimap, le taux d’abstention devrait battre le record des dernières législatives, avec une prévision de 28%. Une tendance générale confrimée lors des récentes élections régionales en Allemagne.

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Image : AP
Bundestagswahl - Wahlaufforderung
"Allez voter" : un appel auquel répondent de moins en moins d'AllemandsImage : picture-alliance/ dpa/dpaweb

Les citoyens seraient-ils de plus en plus désintéressés par la politique ? C'est bien ce qu'il semblait aux élections européeennes de juin dernier pour lequelles moins de 50% des électeurs se s'étaient déplacés. Mais dans le cas des législatives de dimanche, c'est loin d'être aussi simple. Il faut tout d'abord rappeler qu'on ne peut pas mettre tous les abstentionnistes dans le même panier, comme l'explique Richard Hilmer, directeur de l'institut de sondage Infratest Dimap : « Il y a plusieurs cas de figures. Il y a l'abstentionniste notoire qui ne participe effectivement jamais aux élections. A vrai dire, il s'agit plutôt d'une exception. Beaucoup plus typiques : les abstentionnistes qui décident de voter ou non en fonction des cas, selon le type d'élection, les coalitions possibles ou la situation actuelle. Et puis il y a bien sûr ceux qui sont confrontés à un évènement exceptionnel – une maladie, une obligation – on les appelle "abstentionnistes facultatifs" ».


Les abstentionnistes : voilà un groupe dont on parle peut-être trop peu. En tout cas, parmi eux, il y en a qui ont beaucoup de choses à dire. Car l'abstention n'est pas forcément un acte passif, il suffit juste d'y regarder d'un peu plus près. Malgré une campagne – il faut le dire – assez morose, la plupart des personnes qui ont déclaré ne pas vouloir voter, avancent des raisons à leur choix. Souvent, il y a des motivations à leur démotivation. C'est le cas de Patrick, étudiant en informatique. « La politique qui est menée en ce moment ne me convient pas. Dans mon entourage, les gens de ma génération, je sais qu'ils ne veulent pas aller voter non plus. C'est pareil, ils ne sont pas satisfaits. On pourrait peut-être créer notre propre parti… En tout cas il n'y en a aucun à qui je souhaite donner ma voix », assure-t-il. Aucun parti qui vaille, pas de figure charismatique, pas de contenu convainquant : les "apatrides" politiques se multiplient.

Deutschland Wahlen Plakat SPD und CDU Angela Merkel und Frank-Walter Steinmeier
De plus en plus de citoyens revendiquent l'abstention comme acte politiqueImage : AP

Il est très fréquent également que la remise en question de l'utilité du vote fait fasse partie de l'argumentaire des abstentionnistes. On entend souvent « de toute façon rien ne va changer », « ils ne tiendront pas leurs promesses » ou encore « ma voix ne sert à rien ». Une critique du système démocratique à laquelle se joint Hamid. Pour la première fois, il a décidé de ne pas se rendre aux urnes ; pourtant, jusqu'à il y a un an il était membre du SPD. « Que ce soit en politique extérieure ou intérieure, je vois tout ça comme une manipulation du peuple et de la publicité de la part des partis, déclare-t-il. La façon dont tout ça est vendu au public, à travers les médias, ça ressemble à de la démocratie. Mais en interne, ce ne sont que des jeux de pouvoir et nous, nous n'avons pas de véritable influence ».


Parmi les contestataires les plus convaincus, beaucoup choisissent également l'option du vote nul, mais l'effet reste limité. En effet, tout comme les abstentionnistes, leur vote n'est pas comptabilisé dans la répartition des voix.