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Les accords économiques avec l'UE, une chance pour l'Afrique

Philippe Pognan
25 novembre 2016

Les accords de partenariat économique APE, nés des accords de Cotonou en l'an 2000, sont censés faciliter les exportations des pays africains vers l'Europe et faciliter la coopération et les échanges.

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Containerschiff Guinea-Bissau
Image : DW/M. Pessoa

"L‘Afrique est le continent émergent et les accords de partenariat sont fait pour renforcer cette dynamique!" La Süddeutsche Zeitung cite là la Commissaire européenne pour le commerce  Cecilia Malmström...C’était il y a un mois. La bonne humeur de Malmström était dûe au fait qu’elle pouvait annoncer officiellement l’entrée en vigueur d’un tel traité entre l’UE et les états de l’Afrique australe. La promesse de la Commissaire : cet accord sera une promotion et une aide pour la croissance et pour lutter contre la pauvreté en Afrique du Sud, au Swaziland, au  Botswana, au Lesotho et en Namibie. Pour l’UE, l’entrée en vigueur de cet accord de partenariat est une partie importante d’un plus grand puzzle qu’elle est en train de mettre en place depuis 16 ans déjà.

Angola Hafen von Luanda
De nombreux ports africains sont en plein essor. Ici celui de Luanda en Angola.Image : DW/C.V. Teixeira

En l‘an 2000, avec l’accord de Cotonou, les Européens avec les groupements régionaux, avaient décidé de franchir une nouvelle étape dans leurs relations commerciales. Un nouveau type d’accord, les Accords de Partenariat Economique, en bref  APE devaient mettre fin aux  avantages douaniers. Depuis, on travaille avec l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à l’élaboration de tels traités APE. Quelques traités ont déjà été signés, mais la plupart ne sont pas encore entrés en vigueur.

Le système des APE prévoit, que des avantages soient préservés, mais à certaines conditions. Les APE visent à promouvoir l’ouverture des marchés, le développement démocratique  et la coopération régionale. A la différence du traité transatlantique TTIP négocié entre l’UE et les USA, ou du traité CETA passé avec le Canada, il ne s’agit pas de supprimer presque totalement les taxes douanières des deux côtés. Les APE sont bien plus asymétriques. Concrètement, cela veut dire que par exemple le Botswana, le Lesotho, la Namibie et le Swaziland obtiennent un accès total au marché de l’Union européenne, (100%) tandis qu’ils ne doivent, eux, ouvrir leurs marchés aux exportations européennes qu’à 86 %. L’UE parle aussi de „mécanismes de protection“ censés empêcher une trop grande pression concurrentielle sur les économies africaines en développement.

Symbolbild Afrika Markt Bunt
De jolis tissus africains bientôt davantage présents sur le marché européen?Image : I. Sanogo/AFP/Getty Images

Les objectifs fixés par exemple dans l’Article 1 de l’APE avec l’Afrique de l’Ouest sont : le plein emploi, l’éradication de la pauvreté, l’augmentation du niveau de vie ou encore la diversification de l’économie. Cela semble suggérer que l’UE ne veut seulement qu’apporter son aide, mais en fait elle exige des contreparties, relève la Süddeutsche. Par exemple l‘assurance qu’aucune autre entité ne se voit accorder des avantages qui ne seraient pas non plus accordés à l’Union européenne. Par ailleurs, les APE permettent à l’Union européenne de supprimer des avantages aux pays partenaires au cas où  les normes démocratiques qu'elle a fixées ne seraient pas respectées.

Afrika Textilindustrie
Avec les APE, l'industrie textile africaine devrait marquer des points.Image : picture-alliance/dpa

Le quotidien de Munich souligne que les critiques de la mondialisation, comme Attac par exemple, condamnent les APE en tant qu’instrument destiné à forcer les états africains à ouvrir plus largement leurs marchés pour les produits de l’Union européenne et aussi pour réduire leur marge de manœuvre politique...

 

Autre thème: le Zimbabwe

 

...et plus précisément la réforme monétaire imposée par le régime et très contestée par la population qui se heurte à une brutale répression...-Le  Zimbabwe a introduit des "bond-notes": Il s'agit de "billet-obligation" censé pallier la pénurie de billets, -le dollar américain-, introduit il y a quelques années pour combattre une inflation galoppante dans ce pays à l'économie ruinée...
                    

"Le Zimbabwe est revenu à l'époque sombre de la répression policière, c'est le constat de la Berliner Zeitung. Des manifestations contre l'introduction d'un nouveau moyen de paiement ont été brutalement réprimées selon l'opposition qui parle de dizaines de personnes frappées et arrêtées par les forces de sécurité. L' Union européenne a critiqué une " nouvelle vague d'intimidations, de violences, de tortures et d'enlèvements  qui  submerge ce pays d'Afrique australe."

Protest Harare Simbabwe
De nombreux Zimbabwéens protestent contre les "bond notes".Image : DW/P.Musvanhiri 

Les manifestants entendaient protester contre l'introduction de ce que la Banque du Zimbabwe appelle "Bond Notes" (billet-obligation)-  un papier- monnaie devant atténuer le manque aigu  d’argent liquide. Depuis des semaines d’interminables queues se forment devant les banques du pays - même la nuit, les gens dorment devant les instituts bancaires, afin d'avoir au moins une chance de pouvoir entrer dans la banque. Les clients n'ont le droit de retirer au maximum que 50 dollars US par jour , encore faut-il qu'ils parviennent jusqu'à un guichet! Encore une fois, les Zimbabwéens doivent craindre de voir leurs économies se réduire à néant : comme il y a 7 ans déjà lorsque une hyper-inflation avait anéanti leurs avoirs. A l'époque, la Banque centrale avait imprimé des billets de banque d'une valeur allant jusqu'à 100 milliards de dollars zimbabwéens!

Pour mettre fin au chaos, la coaliton gouvernementale de l'époque avait introduit le dollar américain. On pouvait alors acheter des marchandises dans les magasins de nouveau approvisionnés et le taux d'inflation était tombé à 0%. Mais peu à peu les billets de dollars se sont faits rares: car beaucoup plus d'argent sort de ce pays économiquement ruiné qu'il n'en rentre. En juin et juillet derniers, le gouvernement qui doit consacrer 95% des son budget au paiement de ses fonctionnaires, avait dû cesser de les payer - au risque de conséquences catastrophiques avec les policiers et les soldats.

Simbabwe Präsident Robert Mugabe
Le président du Zimbabwe, Robert Mugbabe, 92 ans, continue de réprimer tout mouvement contestataire.Image : Reuters/P. Bulawayo

En réaction, le gouvernement du président vieillissant Robert Mugabe, âgé de 92 ans, avait annoncé l'introduction des billets-obligations, les "bond- notes". Ces billets sont censés être liés au dollar américain. Mais la population craint que le gouvernement ne recommence bientôt à faire tourner la planche à billets de manière incontrôlée. Si les responsables ne pensaient vraiment qu'à sauver l'économie du pays, ils prendraient d'autres mesures. Par exemple, ils pourraient adopter le "rand" la monnaie du pays voisin, l'Afrique du Sud comme cela a déjà été fait avec succès en Namibie, au Swaziland et au Lesotho. En outre, on devrait enfin offrir des perspectives aux  investisseurs étrangers, qui pour l'instant sont effrayés par la politique d'expropriation du président Mugabe. Enfin, le gouvernement devrait commencer à faire des économies dans ses propres rangs: le Zimbabwe ne compte que 15 millions d'habitants, mais s'offre le luxe d'avoir 41 ministres et une vingtaine de vice-ministres. En outre, les salaires d'au moins  75.000 fonctionnaires -fantômes disparaissent dans les poches de divers responsables politiques.

Protest Harare Simbabwe
Billet de banque zibabwéen datant de l'hyper inflation et sans plus aucune valeur.Image : DW/P.Musvanhiri 

Selon le président de la Banque centrale zimbabwéenne, John Mangudya,  les "bond-notes", qui ont été imprimés en Allemagne, sont arrivés dans le pays et seront distribués dans les prochains jours ...