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Les clichés envers les Chinois en Afrique ont la vie dure

4 juin 2012

Les stéréotypes sur les Chinois sont légion en Afrique : exploitation sans vergogne des ressources naturelles, concurrence déloyale sur le marché de l’emploi... etc. Est-ce bien vrai?

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** FILE ** An unidentified man walks past a Chinese trader in Lagos, Nigeria, in this Aug. 1, 2002 file photo. Business and political leaders in Cape Town, South Africa, Friday June 15, 2007, attending an annual conference meant to focus entrepreneurial attention on Africa hailed China' and India's' huge appetite for raw materials as a powerful driving force to move the African economy up a gear.(ddp images/AP Photo/George Osodi)
Image : GEORGE OSODI/AP/dapd

Pour analyser ces préjugés tenaces, une conférence de l’Union des sciences sur l’Afrique a été organisée à Cologne, dans l'ouest de l'Allemagne. Les chercheurs ont tenté d’y souligner aussi les apports positifs de la présence chinoise en Afrique.

Parmi les "témoins" présents: Ismail Mrisho. Ce Tanzanien de 35 ans est satisfait de ses expériences avec les Chinois. Il importe des gousses d’ail chinoises dans son pays pour les réexporter dans d’autres pays africains. Il a l’habitude des critiques, selon lesquelles ce commerce serait typique des tentatives de pénétration du marché africain alors même que la Tanzanie produit elle-même de l’ail. Mais les espèces sont différentes, explique Ismail, qui estime que les Africains auraient tort de passer à côté des produits venus de Chine.

« La plupart des Africains se plaignent des méthodes commerciales des Chinois. Ils leur reprochent de ne pas se soucier des Africains. Mais mon chef est quelqu’un de bien. On sort parfois ensemble, il paie bien et quand j’ai un problème, on en parle. Mais la plupart des gens voient les Chinois d’un mauvais œil, ils pensent qu’ils ne viennent en Afrique que pour faire des profits avant de repartir chez eux », regrette-il.

La sociologue suisse Katy Lam a fait les mêmes observations au Bénin et au Ghana, où elle a étudié les rapports, saouvent conflictuels, entre les populations locales et les Chinois:

« Beaucoup croient que les Chinois sont envoyés en Afrique par Pékin. C’est faux. Souvent, ils n’ont aucun soutien des autorités de leur pays et doivent se débrouiller tous seuls. Et ce n’est pas facile pour eux, comme pour les autres immigrés : ils doivent s’adapter aux modes de vie locaux, et se heurtent aux problèmes linguistiques.»

Chinese woman talk business with local women at a shop in Lagos, Nigeria, June 16, 2007. Market stalls are just one of the most visible signs of China's massive penetration into African economies. The Asian giant _ a ready buyer of oil and other raw materials for more than a decade _ is also a major bidder on construction projects, a multi-million-dollar lender and a growing player in Africa's telecommunications and textile industries. (ddp images/AP Photo/Sunday Alamba)
Quand les produits chinois sont le prix de l'indépendance économique de vendeurs africainsImage : SUNDAY ALAMBA/AP/dapd

Souvent, le protectionnisme des entreprises chinoises s’explique par l’animosité à laquelle elles doivent faire face. Sur le marché de Dantokpa, à Cotonou, au Bénin, le nombre de marchands de textile chinois a fondu en dix ans. Certes, il arrive que les entrepreneurs chinois étouffent quelque peu la concurrence, comme sur le marché des usines de chaussures au Sénégal, mais aujourd’hui encore , il y a beaucoup de vendeurs de rues africains qui vivent grâce aux produits qu’ils achètent en gros chez les Chinois et qu’ils revendent au détail, à leur compte.

Auteurs: Adrian Kriesch et Sandrine Blanchard
Edition: Konstanze von Kotze