1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

Les diplômés allemands préfèrent l'étranger

Anne Le Touzé24 octobre 2006

L’Allemagne perd ses diplômés et c’est à cause des mauvaises conditions offertes aux entreprises. C’est du moins ce qu’affirme le président des chambres de commerce et d’industrie, qui a tiré la sonnette d’alarme : en 2005, 145.000 Allemands hautement qualifiés ont quitté le pays pour des cieux plus propices, soit le chiffre le plus important depuis 1954.

https://p.dw.com/p/C6xz
145.000 diplômés allemands sont partis travailler à l'étranger en 2005. Un phénomène étonnant à l'époque de la mondialisation?
145.000 diplômés allemands sont partis travailler à l'étranger en 2005. Un phénomène étonnant à l'époque de la mondialisation?Image : picture-alliance / dpa/dpaweb

Pour les jeunes gens, constate le Nordbayerische Kurier, l’entrée sur le marché du travail n’est pas une chose facile. La « génération stage » en sait quelque chose : un salaire minable pour un travail de qualité est une pratique courante, et elle entraîne forcément la déception, sinon le découragement.

La Saarbrücker Zeitung estime qu’il faudrait donner aux jeunes diplômés des perspectives de carrière intéressantes. Ce qui ne comprend pas seulement l’emploi en lui-même, mais également son environnement. Les entreprises qui prennent en compte non seulement l’employé lui-même, mais aussi sa famille, en proposant par exemple une solution pour la garde des enfants, ont un avantage concurrentiel. Celles qui ne visent que le profit font une erreur, dont les effets sont déjà visibles à court terme. Car si les têtes intelligentes quittent l’Allemagne, qui va-t-il donc rester ?

Manque de personnel qualifié, entreprises exsangues ... Ce serait la faute de la politique avec ses impôts et ses charges trop élevés, qui nuisent à l’Allemagne en tant que place commerciale... une lamentation qui n’étonne pas de la part du président des chambres de commerce et d’industrie, observe la Märkische Allgemeine. S’il y a une part de vérité, celle-ci n’est toutefois pas complète : les premières responsables de l’exode de diplômés sont les entreprises elles-mêmes.

Même écho chez la Frankfurter Rundschau, pour qui l’argumentaire de Ludwig Georg Braun contient une bonne dose d’hypocrisie et d’impertinence. En rejetant la faute sur la politique et les syndicats, il détourne l’attention des négligences et mauvaises orientations qui sont à mettre sur le compte des entreprises. Celles-ci se sont pliées à la dictature du capitalisme, considèrent leurs employés tout au plus comme générateurs de coûts, délocalisent leur production à l’étranger, licencient à tour de bras et ne sont pas en mesure d’offrir assez de places d’apprentissage. Dans le processus de la mondialisation, le facteur travail a été jusqu’ici considéré comme la seule donnée immobile. Ceci est en train de changer, comme le montrent les fluctuations migratoires mondiales. Pour résoudre le problème de l’émigration, conclut le journal, l’Allemagne doit mettre en place une politique d’immigration ciblée.