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Les embûches d'une réconciliation historique

Elisabeth Cadot/Jean-Michel Bos12 octobre 2009

L'encre de la signature de l'accord historique qui normalise les relations entre la Turquie et l'Arménie n'est pas encore tout à fait sèche que les premières difficultés apparaissent.

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Armenian foreign minister, Edouard Nalbandian, center left, and Turkish foreign minister, Ahmet Davutoglu, center right, shake hands while European Union foreign affairs chief, Javier Solana, French foreign minister, Bernard Kouchner, and US Secretary of State, Hillary Rodham Clinton, back row from left, applaude during the signing ceremony of the protocols and statements between Armenia and Turkey, at the University of Zurich in Zurich, Switzerland, Saturday Oct. 10, 2009. Turkey and Armenia are poised to normalise relations as part of a landmark agreement brokered by Switzerland and strongly backed by the United States. The deal, meant to reopen a border closed 16 years ago and establish diplomatic ties for the first time, has come under criticism from Armenians at home and abroad ahead of its signing in Zurich. (AP Photo/Keystone, Partick B. Kraemer, Pool)
Poignée de main historique entre Arménie et Turquie en présence de Hillary ClintonImage : AP

Le président turc Erdogan a en effet annoncé que l'ouverture de la frontière entre les deux pays, prévue dans ces accords signés dimanche à Zürich, ne prendra effet que s'il y a une avancée sur un vieux conflit, celui du Nagorny-Karabakh. Ce n'est qu'un indice des difficultés qu'il reste encore à surmonter. Des difficultés qui ont d'ailleurs failli faire capoter la cérémonie dimanche: il a fallu tout le poids de la secrétaire d'etat américaine Hillary Clinton, il a fallu aussi renoncer à des déclarations finales pour arriver á l'accord de dimanche.

Réconciliation Arménie-Turquie

C'est un accord qui met fin à 16 ans de glacis entre les deux voisins la Turquie et l'Arménie. Les deux pays se sont engagés à reprendre des relations diplomatiques et à ouvrir leurs frontières dans un délai de deux mois. Une commission d'historiens doit se pencher sur les massacres commis par l'empire Ottoman envers les Arméniens dans les années 1915.1917. Et c'est justement cette histoire tragique qui empoisonne les relations entre ces deux pays. L'accord signé doit encore être ratifié par les Parlements des deux pays: et d'ores et déjà aussi bien à Ankara qu'á Erewan, les nationalistes montent au créneau. Le jour même de la signature de l'accord 10 000 Arméniens étaient descendus dans la rue pour protester. L'ouverture de la frontiére - pourtant très importante économiquement pour l'Arménie - parait donc pour l'instant assez peu probable. D'autant plus que le conflit du Karabach - entre l'Arménie et l'Azerbaidjan allié de la Turquie - n'est pas réglé.

Avancée prudente

Et bien il va falloir beaucoup de travail de persuasion des opinions publiques et des parlementaires. Beaucoup de prudence dans le choix des mots. Un ministre des affaires étrangères arménien qui n'évoquerait pas le génocide responsable d'un demi-million de morts quand il est face à des responsables turcs, n'est plus crédible dans son pays. Un ministre des affaires étrangères turc qui n'évoque pas avec ses interlocuteurs arméniens l'occupation par leurs troupes du territoire azerbaidjanais, perd également tout soutien dans son pays. Il n'empêche qu'il s'agit d'une étape capitale. Et comme l'a reconnu Javier Solana, Monsieur diplomatie européenne, un trés bon point vis à vis de l'Union européenne. Un atout qui s'ajoute au dossier de candidature soumis par la Turquie. En attendant, c'est le sport qui une fois de plus sert de trait d'union: le président arménien a annoncé qu'il se rendrait en Turquie pour assister à un match de foot avec son homologue turc.