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Les grandes oreilles de l'Oncle Sam

Antje Passenheim / Philippe Pognan28 octobre 2013

Partout dans le monde, les Américains sont à l'écoute. Même à l'intérieur de la chancellerie à Berlin! La NSA enregistrait toutes les communications du portable d'Angela Merkel. Que savait vraiment Obama?

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Image : picture-alliance/dpa

Depuis la révélation il y a quelques jours que le portable personnel d'Angela Merkel était sur écoute, le président Barack Obama comme l'agence de renseignement américaine NSA sont dans l'embarras. Le journal allemand à grand tirage Bild am Sonntag a affirmé que le président américain était informé depuis 2010 déjà que ses services secrets espionnaient la chancelière.

Silence à la Maison Blanche et démentis de la NSA. Une porte parole de l'agence américaine de renseignement a affirmé que les informations publiées par Bild am Sonntag étaient fausses. En 2010, le chef de la NSA, Keith Alexander n'aurait pas informé le Président Obama que la Chancelière allemande était sur écoute.

En outre, les deux hommes ne se seraient jamais entretenus d'opérations concernant Angela Merkel. Pourtant le New York Times lui, rapporte que le portable d'Angela Merkel était surveillé par la NSA depuis dix ans au moins déjà. Angela Merkel n'était pas encore chancelière à l'époque – elle était présidente de son parti CDU, l'Union chrétienne - démocrate- et Barack Obama n'était pas président. Toutefois de nombreux experts ne sont pas surpris que l'Allemagne ait été et soit encore une cible privilégiée des services de renseignements. Comme par exemple Thomas Drake qui, 18 années durant, a travaillé loyalement pour la NSA :

Bundeskanzlerin Merkel NSA Überwachung Obama
Tensions entre Angela Merkel et Barack ObamaImage : picture-alliance/dpa

"Vous devez vous replacer dans le contexte du 11 septembre 2001. Parce que de nombreux auteurs des attentats avaient séjourné et vécu en Allemagne ou avaient transité par l'Allemagne, la NSA et le gouvernement américain ont décidé que l'Allemagne était la première cible à surveiller en Europe."

Des avertissements depuis longtemps

Mais un jour, Thomas Drake, a pris conscience que la curiosité et la volonté de contrôle des services de renseignement allaient trop loin, que même les citoyens américains étaient massivement espionnés. Longtemps avant les révélations d' Edward Snowden -le consultant de la NSA responsable des révélations de juin 2013 et dont le scandale actuel est un résultat - Thomas Drake avait lui aussi tiré la sonnette d'alarme et dévoilé certaines informations. En 2010, il avait été alors poursuivi en justice pour espionnage, mais ce chef d'accusation n'ayant finalement pu être sérieusement fondé, il avait été "seulement " condamné à un an de prison avec sursis pour "mauvais usage d'un système d'ordinateur".

Pour Thomas Drake, la mise sur écoute de chefs de gouvernement amis et particulièrement de la chancelière dépasse les limites :

Le 24.10.2013 près du Capitola à Washington DC.
Thomas Drake, ex-agent de la NSA lors d'une manifestation contre l'espionnage des citoyensImage : DW

"C'est une incroyable infraction aux règles de la diplomatie internationale. Cela concerne la chancelière en personne. Il s'agit de son portable personnel Est-ce nécessaire ? Elle l'une de nos principales alliées dans la lutte contre les vraies menaces !"

Des méthodes dignes de la guerre froide

L'ancien agent qui, par le passé, avait participé à la surveillance aérienne de la RDA, l'ex-Allemagne de l'Est communiste, qualifie les méthodes de l'Agence de sécurité nationale américaine dignes de la Stasi communiste.

Selon le Wall Street Journal, le président Barack Obama a pris connaissance de cette surveillance électronique menée par la NSA, dans un rapport qu'il avait commandé en milieu d'année. Selon ce rapport, la NSA a écouté les conversations téléphoniques de quelque 35 chefs d'Etat ou de gouvernement de par le monde.

Quoi qu'il en soit, après que Barack Obama a appris l'existence de ce programme d'espionnage, les Etats-Unis ont mis fin à leurs écoutes de la chancelière allemande Angela Merkel et d'autres dirigeants internationaux. C'est ce qu'a affirme ce lundi le Wall Street Journal.