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Les Irakiens souverains?

Sandrine Blanchard29 juin 2004

Aujourd’hui, bien sûr, les gros titres et la plupart des commentaires de la presse allemande sont consacrés à l’Irak. Réactions et analyses du transfert de pouvoir anticipé.

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Une passation de pouvoirs en catimini
Une passation de pouvoirs en catiminiImage : AP

Le dessin publié par la Süddeutsche Zeitung est assez révélateur des avis reflétés dans la presse : on y voit un George W. Bush les sourcils froncés, qui brandit une marionnette qui s’appelle « Irak », une marionnette qui agite à son tour, et sans grand enthousiasme, un drapeau irakien trop grand pour elle.

La Süddeutsche Zeitung écrit que, même si le poids historique d’un événement ne se mesure pas à la grandeur de sa mise en scène, le fait que le transfert de pouvoir se soit fait par la petite porte n’augure rien de bon pour la nouvelle ère qui s’annonce. C’est un signe révélateur, par contre, poursuit le quotidien, de la politique d’improvisation menée par les États Unis en Irak depuis la fin de la guerre. Attendre que le pays soit prêt à s’autogouverner aurait exigé davantage de Washington que ses objectifs à courte vue de politique intérieure, politique dominée par l’échéance présidentielle américaine.

Neues Deutschland ne mâche pas non plus ses mots. Pour elle, la souveraineté tant promise aux Irakiens n’est qu’une chimère de plus. Le véritable pouvoir demeure entre les mains des États Unis, alors que le pays est dans une zone de non-droit, puisque les soldats américains ne peuvent être attaqués par des tribunaux irakiens. Et le quotidien estime que la poursuite de l’occupation sous un autre nom risque de discréditer rapidement le nouveau gouvernement.

La Frankfurter Rundschau va dans le même sens. Selon elle, les problèmes des Irakiens ne peuvent être réglés que par les Irakiens eux-mêmes. Et pour cela, ils ont besoin d’une souveraineté totale, pas seulement sur le papier.

Die Welt écrit qu’un pays n’est souverain que lorsqu’il reconnaît l’état d’urgence et qu’il peut se permettre de lever cet état d’urgence. Le journal garde cependant espoir : si le gouvernement réussit là où les forces d’occupation ont échoué, c’est- à-dire s’il parvient à réunir le clergé sunnite, les baasistes modérés et les rebelles, il a encore une chance de sauver la mise et d’éviter une guerre civile.

Un espoir évoqué également par la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Le quotidien de Francfort explique que, oui, le nouveau gouvernement a désormais la possibilité de laisser plus de place aux libertés et à la démocratie. Mais la chute de Saddam Hussein a tout de même laissé un vide qu’il sera difficile de combler, pour retrouver l’unité.