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Les prisons secrètes de la CIA

Christophe LASCOMBES8 septembre 2006

Après l’aveu par George Bush de l’existence de prisons secrètes de la CIA hors du territoire américain, les commentateurs de la presse allemande d’aujourd’hui se penchent sur les motifs qui ont poussé le président des USA à reconnaître ce qu’il niait il y a quelques mois encore.

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La centrale de renseignement américaine avait bien des prisons secrètes hors des USA.
La centrale de renseignement américaine avait bien des prisons secrètes hors des USA.Image : dpa

C’est plus une fuite en avant qu’un aveu, estime Die Welt, qui rappelle la loi sur les crimes de guerre, votée en 1996 par le Congrès américain. Selon cette loi, toute personne quelle qu’elle soit qui violera les conventions de Genève, sera puni d’emprisonnement à vie ou, si la victime décède, sera passible de la peine de mort. Une loi qui vaut aussi pour un président. D’autant que même chez les démocrates, il en est certains qui verraient volontiers George Bush démis de ses fonctions. Une plainte déposée selon cette loi contre les crimes de guerre pourrait être un moyen efficace.

Comme la meilleure défense, c’est l’attaque, renchérit la Frankfurter Rundschau, George Bush change de politique. Rien de remarquable là-dedans puisque cet aveu lui a en réalité été dicté par le Jugement de la Supreme Court de juin dernier. Ce qui est remarquable, c’est le fait que George Bush veut poursuivre l’utilisation de ces centres de torture. Car ne nous y trompons pas, les soi-disantes « procédures alternatives » de la CIA sont bel et bien des tortures. Dire que la Convention de Genève est vague et imprécise à ce sujet est tout aussi absurde que scandaleux. Ici, c’est seulement le sort des futurs prisonniers de la CIA qui reste vague et imprécis.

Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung, même si George Bush a raison de dire que ces prisons secrètes de la CIA à l’étranger ont été d’une valeur inestimable pour l’Amérique et ses alliés, on peut se demander si le prix à payer n’est pas trop lourd, surtout en termes de crédibilité.

Rien ne serait plus faux de croire que l’Amérique en a fini avec la « sale guerre » contre le terrorisme, avertit la Süddeutsche Zeitung. Si George Bush accepte d’accorder un cadre juridique aux prisonniers de sa guerre contre le terrorisme, il n’en reste pas moins campé sur ses positions. Les USA continuent de pratiquer leur guerre contre le terrorisme comme avant.

Un signal effrayant, critique la Tageszeitung. La guerre contre le terrorisme est incompatible avec l’état de droit et les intérêts sécuritaires passent avant les Droits de l’Homme. Pourtant, si l’on fermait ces prisons secrètes et Guantanamo, si l’on relâchait les innocents et qu’on jugeait les coupables devant une juridiction démocratique, ce serait fort, ce serait souverain, ce serait un vrai coup porté au terrorisme, conclut le quotidien.