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Les propositions de Wolfgang Schäuble créent une polémique en Allemagne

Aude Gensbittel10 juillet 2007

La presse allemande revient largement aujourd’hui sur les propositions du ministre de l’intérieur Wolfgang Schäuble, pour renforcer la lutte contre le terrorisme. Le ministre conservateur a suggéré d'élargir les compétences de l'Etat dans ce domaine : permettre un engagement de l’armée à l’intérieur du pays, interner les suspects terroristes et même dans des cas extrêmes, autoriser des exécutions ciblées. Des propositions qui ont valu de fortes critiques à Wolfgang Schäuble jusque dans ses propres rangs, mais ont aussi relancé un vif débat en Allemagne sur l’équilibre entre sécurité et Etat de droit. A l’instar de la classe politique, les journaux allemands sont plutôt divisés sur le sujet.

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Le ministre allemand de l'intérieur Wolfgang Schäuble
Le ministre allemand de l'intérieur Wolfgang SchäubleImage : AP

Le ministre de l’intérieur fait son travail, estime la Frankfurter Allgemeine Zeitung. C’est sa tâche de réexaminer constamment les pouvoirs et l’organisation des autorités responsables de la sécurité. Même des modifications de la constitution ne sont pas exclues, si on s’aperçoit que les règles en vigueur ne permettent pas de lutter efficacement contre le terrorisme.

Pour le quotidien populaire Bildzeitung, on peut et on doit se demander si les idées de Wolfgang Schäuble, examinées individuellement, apporteraient une solution au problème ou si elles reviennent plutôt à jeter le bébé avec l’eau du bain. C’est par contre un scandale de reprocher au ministre d’aspirer à un Etat policier. Ceux qui le font veulent en réalité seulement échapper à des débats difficiles.

Depuis plusieurs mois, Wolfgang Schäuble pratique une sorte de thérapie du choc, analyse die Welt. Le ministre cherche à sensibiliser des citoyens trop insouciants à son goût aux dangers du terrorisme. Selon lui, l’Allemagne est dans la ligne de mire des islamistes et des attentats sont possibles à tout moment. Le répéter ne signifie pas faire preuve d’alarmisme, mais se confronter à la réalité. Toutefois la dernière offensive de Wolfgang Schäuble inquiète même les membres de son propre parti. Au lieu de remettre en question les principes mêmes de l’Etat de droit avec des propositions exagérées, le ministre devrait admettre publiquement qu’il restera toujours une part de risque. Un Etat qui doit garantir non seulement la sécurité, mais aussi les droits et les libertés de ses citoyens, doit être prêt à assumer ce risque.

Angela Merkel s’est sentie obliger de rappeler à son ministre de l’intérieur qu’en matière de décisions politiques, la constitution restait la principale ligne directrice, écrit la Frankfurter Rundschau. Doit-on se réjouir du fait qu’au moins la chancelière le sache encore ? Peut-être. Mais qu’il soit nécessaire de le rappeler montre bien l’incompétence des responsables de cet Etat de droit. Wolfgang Schäuble sait certainement que ses idées extrêmes ne passeront pas. Mais, en utilisant la peur du terrorisme que nous avons tous au fond de nous, il prépare le terrain pour d’autres restrictions des droits civils. Des restrictions qui en comparaison auront l’air bien inoffensives, ce qu’elles ne sont pas. La chancelière aurait besoin de mots bien plus durs pour stopper cet homme.