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Les "tirs de la honte"

Carine Debrabandère13 août 2007

46e anniversaire de la construction du Mur de Berlin, un « mur antifasciste » pour les autorités de RDA, une vaste prison pour une bonne partie des citoyens est-allemands. De nombreuses personnes tentent à partir du 13 août 1961 de franchir le Mur vers la liberté. Certaines périront sous les balles des gardes-frontières de RDA. L’organe qui conserve les archives de la Stasi, l’ex-police politique de RDA, souligne aujourd’hui l’existence d’un document prouvant qu’il a été ordonné, sous le régime communiste, de tirer sur les fugitifs - alors que les anciens responsables est-allemands refusent toujours d’admettre qu’il y ait bien eu ordre de tirer.

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Commémoration du 13 août 1961 à Berlin
Commémoration du 13 août 1961 à BerlinImage : AP

« N’hésitez pas à faire usage de votre arme à feu, même en cas de violation des frontières par des femmes et des enfants, souvent utilisés par les traîtres ». C’est ce qu’on peut lire dans ce document exhumé à Magdeburg par l’organe qui conserve les archives de la Stasi. Marianne Birthler est en charge de ce service. Il s’agit pour elle d’un document de la plus haute importance, même si, elle l’a reconnu aujourd’hui, des extraits de cet ordre de tir à la frontière inter-allemande avait déjá été publiés.

« 17 lignes de ce document comptant sept pages ont déjà été publiées. Il y a deux jours, je ne le savais pas. Cela n’enlève rien cependant à la brutalité du texte. Je serais très déçue si la discussion autour du moment exact auquel l’ordre de tir a été trouvé dominait les débats - et non plus son contenu ».

Egon Krenz en tous les cas, le dernier chef d’Etat de la RDA, s’est empressé de donner sa version des faits dans le quotidien populaire Bild. « Il n’y a pas eu d’ordre de tirer » dit-il à Bild. « Je ne le sais pas par des documents, mais de ma propre expérience. Un tel ordre aurait été en contradiction avec les lois en vigueur en RDA ». Des propos qui font bondir Günter Nooke. Il est chargé du dossier des droits de l’Homme au sein du gouvernement allemand, et il est originaire de l’ex-RDA.

« Pour moi, il s’agit d’un document qui atteste l’ordre de « tirer pour tuer » à la frontière inter-allemande. Je laisse le débat juridique à ceux qui le maîtrisent, ce n’est pas la question en ce moment. Aujourd’hui, il s’agit de dénoncer le fait que les autorités est-allemandes avaient ordonné de tirer sur les fugitifs, femmes et enfants compris. Aujourd’hui, ce serait un crime contre l’humanité qui serait jugé devant la Cour pénale internationale de La Haye. Peu importe « l’expérience personnelle » de Monsieur Krenz: la RDA a toujours nié avoir bafoué les droits de l’Homme »

Selon les estimations, très vagues encore car beaucoup de documents ont été détruits par les services secrets est-allemands, entre 270 et 780 personnes sont mortes sous les balles des gardes-frontières, le long de la frontière est-allemande, du temps de la Guerre froide.