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Les Verts allemands en pleine crise d'identité

10 octobre 2007

Depuis qu'ils ont rejoint les bancs de l'opposition, les Verts allemands traversent une crise d'identité qui pourrait leur coûter cher. Le parti écolo, né du mouvement contestataire anti-nucléaire et pacifique dans l'Allemagne de l'Ouest, ne peut plus se targuer d'être le seul parti préoccupé par les questions environnementales. Pour survivre sur la scène politique, les «Grünen» doivent trouver de nouveaux thèmes mobilisateurs et surtout prendre position sur les choix diplomatiques et militaires de l'Allemagne. Le vote du Parlement sur la prolongation du mandat de la Bundeswehr en Afghanistan risque fort de couper les cadres du parti de la base militante. Bref, les Verts se déchirent, au moment même où Joschka Fischer, ret

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Le parti écologiste allemand: die Grünen
Le parti écologiste allemand: die GrünenImage : AP

iré de la vie politique, publie un livre dans lequel il ne ménage pas ses compagnons de route.

Un samedi après-midi dans une salle des fêtes de Kreuzberg. La section berlinoise du parti des Verts est réunie en congrès. On retrouve là une centaine de militants, toutes générations confondues. Il y a là les anciens, ceux des manifs pacifistes des années 80, quand Berlin Ouest était un pion convoité sur l'échiquier de la Guerre froide...Il y a là aussi les réalos, les 40-50 ans, ceux qui ont adapté le programme du parti aux réalités politiques, au point de former la coalition gouvernementale de 1998 à 2005. Il y a aussi la jeune garde, celle qui a dit non à la guerre en Irak. Parmi les jeunes pousses : Thomas. Il a rejoint les Grünen il y a deux ans seulement. Dans son discours on retrouve les motivations de tout militant Vert : la participation citoyenne, l'écologie et le pacifisme :

"Pourquoi j'ai rejoint les Verts? Parce que les Verts attachent beaucoup d'importance aux droits civiques. Les tout premiers militants ont défendu leur position pacifique et antinucléaire avec toujours beaucoup d'engagement, quitte à défier les forces de police..."

Et cette revendication pacifiste a créé une nouvelle fois la zizanie dans les rangs du parti. Lors d'un congrès exceptionnel il y a trois semaines, les délégués fédéraux ont dit non à la prolongation du mandat de la Bundeswehr en Afghanistan. En fait, il s'agit d'une sérieuse mise en garde aux députés Verts qui devront ce vendredi se prononcer au Bundestag. Les cadres du parti ont tenté de minimiser ce désaveu en le faisant passer pour un manque de réalisme politique. Dietmar, un militant de longue date voit les choses différemment :

"Ceux qui sont loin de la réalité, ce sont ceux qui présentent une situation biaisée de la réalité en Afghanistan, qui veulent nous faire croire que l'on peut parfaitement stabiliser le pays à long terme et que la reconstruction du pays est en bonne voie... Seulement les délégués de notre parti ne voient pas les choses de cette façon."

Bref, les déchirures des Verts s'étalent au grand jour, accompagnées du soupir assourdissant de Joschka Fischer. Le "Pater noster" comme le prénomment les militants refait parler de lui ces jours-ci, il publie le récit de ses premières années à la tête de la diplomatie allemande sous le gouvernement Schröder. L'ancienne figure de proue des Verts allemands livre une leçon de Realpolitik, dont le meilleur exemple reste la participation de l'Allemagne dans les bombardements contre la Serbie lors de la guerre du Kosovo, sans mandat de l'ONU. Les Verts ont suivi Joschka Fischer, nombre d'entre eux ne lui ont jamais pardonné... D'où la relation ambigue qui perdure aujourdh'hui. Melanie Haas, politologue :

"Les Verts savent parfaitement que sans Joschka Fischer, le parti n'aurait jamais parcouru tout ce chemin. Mais je crois qu'ils sont contents qu'il ait passé la main. Pendant les 7 ans où leur parti était au pouvoir, les militants des Verts ont dû avaler plusieurs couleuvres. Je crois que d'une certaine façon, ils sont soulagés d'être à nouveau un parti d'opposition, ça leur permet à nouveau d'être plus libre pour rappeler à l'ordre les dirigeants du parti..."

Analyse partagée par Lisa, jeune militante. Dans ses propos, on ne sent ni regret des années Fischer ni grande inquiétude quant à l'avenir du parti :

"Cet esprit de discussion et de révolte parmi les militants, c'est un peu notre marque de fabrique... C'est bien pour ça que nous ne sommes ni des militants du SPD, de la CDU ou du parti de la nouvelle gauche, avec ses structures très hiérarchiques. C'était d'ailleurs la critique de Joschka Fischer : il regrettait que notre parti ne soit pas plus structuré. Pour moi, l'important c'est que les Verts restent toujours proches des aspirations de la base."

Plusieurs députés Verts du Bundestag ont toutefois annoncé leur volonté de passer outre les reconmmandations des délégués du parti en votant pour la prolongation du mandat de la Bundeswehr en Afghanistan. Cette dissidence pourrait coûter cher à l'encadrement. Le prochain congrès fédéral de Novembre à Nüremberg s'annonce agité.

  • République Tchèque

Une percée inatendue l'an dernier : le parti Vert a du mal à justifier sa participation à la coalition gouvernementale de droite.

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