L'Europe affiche une solidarité tardive
15 avril 2010Les ministres européens de la zone euro se sont mis d’accord dimanche dernier sur un plan de 30 milliard d’euros de prêts qui pourrait être accordé à la Grèce dès cette année. Ce prêt serait à un taux de 5%, soit deux points et demi de moins que ce que la Grèce devait payer sur les marchés internationaux. Mais si cet accord a le mérite d’exister, il est aussi le fruit d’une lente maturation, engagée depuis des semaines et qui a connu des pics de dramaturgie avec l’Allemagne qui refusait de payer pour les erreurs des gouvernements grecs.
Une ligne dure adoptée par la chancelière Angela Merkel qui a conduit à l’entrée en jeu du Fonds monétaire international pour un plan de sauvetage mixte : entre les Européens et le FMI. Les Européens ont donc précisé leur offre : 30 milliards d’euros à 5%, sous forme de prêts bilatéraux, dont 8 milliards et demi qui devraient être déboursés par l’Allemagne. Le FMI pourrait être mis à contribution pour sa part à hauteur de 10 à 15 milliards d’euros.
Réticences allemandes
Cet accord a rassuré semble-t-il les marchés internationaux. Du moins pour l’instant. Ceux-ci ont apprécié le fait que pour la première fois, les pays de la zone euro se sont entendus sur une estimation chiffrée de cette aide financière. Malgré tout, cette crise a laissé des traces. On s’interroge beaucoup sur la vocation européenne de l’Allemagne. Le président de l’Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a ainsi déclaré à nos confrères du Financial Times Deutschland qu’il était « inquiet des réticences allemandes. Il a notamment regretté que les impératifs de politique intérieure troublent le message européen de l’Allemagne. Le 9 mai prochain vont se tenir des élections régionales très importantes en Rhénanie du Nord-Westphalie et Angela Merkel sait bien que l’opinion publique allemande est largement opposée à une aide financière à la Grèce.
Finalement, l’Europe en train de découvrir que l’Allemagne est un pays européen comme les autres. C’est-à-dire un pays qui ne dit plus obligatoirement oui à l’Europe pour des raisons historiques. Et qui défend avant tout ses propres intérêts. Ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle pour l’Europe.
Resto solidaires
Après la Grèce, le Portugal pourrait être le prochain sur la liste. Santa Maria da Feira, une ville industrielle située à une vingtaine de kilomètres de Porto, est emblématique de la détérioration de la situation économique.
Depuis 2008, la crise a touché des pans entiers de l’activité, principalement les secteurs de la chaussure, du liège et de la céramique. Mais aussi des secteurs de pointe comme l’électronique. Avec 15 % de chômeurs contre 10 % au niveau national, la région est donc sinistrée. Les classes moyennes sont aussi touchées. Face à cela, la mairie a lancé des initiatives comme les restaurants solidaires, restos du cœur façon portugaise.
Un reportage de Marieline Darcy.
Résurgence de l’extrême-droite
Le premier tour des élections législatives en Hongrie s’est soldé par une nette victoire du parti d’opposition de droite Fidesz. Mais aussi par une percée du parti Jobbik d’extrême-droite qui a recueilli 17% des suffrages. Une percée qui en rappelle d’autres comme celle de la Ligue du Nord en Italie, du Front National en France ou encore le vote anti-minarets en Suisse.
Le discours populiste de certains partis trouve un écho auprès de populations fragilisées par la crise ou qui redoutent une supposée islamisation de l’Europe. Peux-t-on parler d’une résurgence de l’extrême-droite en Europe ? C’est la question que nous avons posé au chercheur Jean-Yves Camus.
Auteur : Jean-Michel Bos