L'Europe du chacun pour soi
23 novembre 2012Londres exige une réduction des dépenses et menace de brandir son veto. Tandis que ses partenaires considèrent avec irritation les demandes de la Grande-Bretagne qui semble prête à quitter l'Union européenne. Alors, va-t-on assister à un sommet marathon avec son cortège de moments dramatiques ? C'est ce à quoi en tous cas tout le monde s'attend. La Grande-Bretagne exige que le budget européen se serre la ceinture en partant du principe assez logique que si les États font de même à cause de la crise pourquoi pas l'Europe? Sauf que Londres oublie que le budget européen n'est jamais déficitaire, les déficits lui sont interdits. Et à trop demander, David Cameron, le Premier ministre britannique, s'est mis dans une position impossible.
Celui-ci demande en effet une baisse de 100 milliards d'euros sur un budget de 1000 milliards environ pour sept ans puisqu'il s'agit d'un budget qui couvre la période 2014-2020. Seulement, la position de la Grande-Bretagne est intenable. Tout d'abord car le budget européen est faible. Il représente seulement 1% du PIB européen. Avec 138 milliards d'euros pour 2013, il est inférieur à celui de l'Autriche. Les fonctionnaires vilipendés par Londres représentent seulement 8 milliards de coûts administratifs alors que la Grande-Bretagne a fait un chèque de 25 fois cette valeur pour payer ses fonctionnaires nationaux en 2012.
Ambigüité créative
Enfin, s'il n'y a pas d'accord, le budget sera automatiquement reconduit sur la base de l'année 2011 plus le taux d'inflation. Ce qui signifierait en fait une hausse. David Cameron aurait dû mieux relire les traités. Alors, le risque d'un crash est-il réel avec la possibilité que la Grande-Bretagne quitte l'Union européenne? Tout est possible. Les partenaires européens sont agacés par Londres qui exige une baisse du budget européen et réclame en même temps un rabais annuel de 3,5 milliards d'euros obtenu en 1984 par Margaret Thatcher.
Un chèque britannique que David Cameron refuse de remettre en cause et propose à la place de tailler dans la Politique Agricole Commune. Ce qui bien entendu ravit les Français qui financent déjà un quart du remboursement accordé à la Grande-Bretagne. Donc on parle beaucoup d'argent en ce moment à Bruxelles. Et comme souvent, on en ressortira avec un compromis si complexe qu''il sera en mesure de forger cette "ambigüité créative" comme on l'appelle. Une ambigüité qui permet à chacun de rentrer chez lui en proclamant sa victoire sur la base d'une interprétation personnelle. C'est parfois du niveau de cour de récréation.