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Economie

L'excédent commercial de Berlin fait grincer des dents

Claire-Marie Kostmann
31 août 2017

L'Allemagne est tancée par ses partenaires pour ne pas dépenser assez, alors que l'an dernier, elle est devenue la première nation exportatrice au monde, devant la Chine. Son excédent commercial a dépassé les 8% du PIB.

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Deutschland Nordseeküste vor Cuxhafen | Schifffahrtsroute
Image : DW/H. Franzen

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Les entreprises allemandes sont en bonne santé et sont compétitives sur la scène internationale. Le commerce extérieur reste un pilier de l'économie du pays, au point que l'Allemagne est devenue la championne du monde des exportations en 2016, avec un excédent des comptes courants de 297 milliards de dollars.

Mais cette situation fait que Berlin continue de s'attirer les foudres de ses partenaires. Pour la Commission européenne, un excédent courant dépassant 6% du PIB annuel menace la stabilité économique de la zone euro. celui de Berlin a dépassé les 8% l'an dernier! Et dans le même temps, des voix s'élèvent pour dénoncer le fait que les importations sont faibles et que la politique d'investissement n'est pas assez soutenue dans la République fédérale.

L'industrie automobile fait partie des piliers de l'économie allemande
L'industrie automobile fait partie des piliers de l'économie allemandeImage : Reuters/D. Sagolj

Le pays est accusé de profiter de ses partenaires, à qui il vend en masse les produits "made in Germany", tout en rechignant à soutenir la croissance globale en Europe via des investissements qui pourraient profiter à tous.

Des critiques depuis le FMI jusqu'à Trump

Le Fonds monétaire international (FMI) a ainsi demandé à Berlin de baisser les impôts et d'investir plus. L'administration Trump s'en est déjà plusieurs fois pris à Berlin, l'accusant notamment d'exploiter ce qu'elle estime être la faiblesse de l'euro pour doper son commerce extérieur. En juillet, le président français Emmanuel Macron a estimé dans une interview que l'Allemagne "devait bouger" dans ce domaine. L'hebdo britannique The Economist a même titré en Une: "Le problème allemand: pourquoi son excédent porte préjudice à l'économie mondiale".

Guntram Wolff estime lui aussi que l'Allemagne devrait davantage importer et donc booster la demande intérieure - mais sans pour autant faire baisser ses exportations. Cet Allemand dirige le think tank bruxellois Bruegel, spécialisé dans l'économie. Il a expliqué au micro de Bob Barry comment Berlin devrait davantage investir. Écoutez-le en cliquant sur le lien ou l'image.

Un thème de campagne 

Martin Schulz (SPD) reproche au camp de la chancelière Angela Merkel (CDU) de ne pas assez investir
Martin Schulz (SPD) reproche au camp de la chancelière Angela Merkel (CDU) de ne pas assez investirImage : picture-alliance/dpa/C. Peters

Le sujet a fait son apparition dans la campagne des législatives. Les sociaux-démocrates allemands, rivaux d'Angela Merkel, ont annoncé vouloir garantir un montant minimum d'investissement public en Allemagne. "L'Etat ne doit pas créer des déficits qui ne sont pas nécessaires", a argumenté Martin Schulz le candidat du SPD au poste de chancelier. "Mais il doit aussi ancrer dans le marbre la manière dont il compte utiliser son argent pour améliorer les infrastructures", en matière de transport, d'énergie ou d'internet.

La chancelière, qui brigue un quatrième mandat, a déjà estimé que son gouvernement avait déjà "massivement augmenté les investissements". Pour la prochaine législature, elle dit vouloir qu'un tiers des excédents budgétaires soient consacrés aux investissements d'infrastructure. Et elle peut se baser sur un rapport du ministère des Finances paru en mai dernier. Selon lui,  "les nouvelles commandes dans le bâtiment et les travaux publics, infrastructures routières comprises, évoluent à un niveau qui n'a pas été vu" depuis le début du 21e siècle. Les investissements publics - de l'Etat, des Etats régionaux et des communes - ont augmenté en moyenne de 3,8% par an entre 2005 et 2016, contre seulement 0,6% en France sur la même période. Et le ministère de tacler Londres, Paris et autres dénigreurs de Berlin : "il n'y a que très peu de pays qui montrent une dynamique d'investissements plus forte que celle de l'Allemagne", et ils sont tous d'Europe de l'est (Slovaquie, Lituanie, Lettonie et Estonie), souligne le texte.