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Libération du camp d'Auschwitz

Sandrine Blanchard27 janvier 2005

Les journaux allemands reviennent largement ce matin sur Auschwitz, l’Holocauste, et les commémorations de cette année.

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Image : AP

La Frankfurter Allgemeine Zeitung rappelle que les commémorations de cette année marquent sans doute le dernier anniversaire rond auquel les survivants des camps pourront participer. Et le journal se demande s’il faut craindre l’oubli. Une fois que la génération des témoins directs aura disparu, l’Holocauste sera-t-il relégué au rang de bizarrerie meurtrière d’un autre temps ? La FAZ cite Primo Lévi, rescapé d’Auschwitz. Celui-ci évoque la joie, mais aussi la honte des prisonniers au moment de leur libération. Quelle honte ? Celle qui torture le juste, explique-t-il, quand il se sent coupable d’une faute commise par d’autres, comme après les sélections dans le camp. La honte de s’en être sorti, vivant.

Le Kölner Stadtanzeiger publie le témoignage d’un autre ancien prisonnier, Henry Mandelbaum. « Pour ceux parmi nous qui étaient encore valides, explique ce rescapé de 83 ans, la libération est arrivée trop tard. Le 27 janvier 1945, nous étions déjà tous embarqués dans une « marche de la mort », vers les camps de Großrosen et Mauthausen - près de 60.000 prisonniers. ». L’homme, témoin oculaire de l’horreur nazie, raconte également le retour difficile à la normalité, à la vie, alors qu’il avait perdu sa famille et tous ses biens pendant la guerre.

La Süddeutsche Zeitung pose la question qui est sur toutes les lèvres : que savaient les Allemands, qui dans leur grande majorité concevaient le Führer comme un grand homme, que savaient-ils de l’extermination des juifs ? Impossible de ne rien avoir su, au moins dans les villes, des camps de concentration et d’extermination, estime le journal. Mais plusieurs témoins répètent ce que l’on affirmait à l’époque :qu’il s’agissait de camps pour les asociaux. Seulement après la guerre, les informations auraient commencé à parvenir à la population, avec la question lancinante qui revenait au quotidien, dans l’après-guerre : qui est assis à la table d’à côté ? De quel bord était mon voisin sous le troisième Reich ?

Quant à la Frankfurter Rundschau, elle rappelle l’implication de la majeure partie des gouvernements européens de l’époque dans la déportation des juifs,notamment, de la France à la Slovaquie, en passant par la Hongrie, la Hollande, la Bulgarie ou, la Grèce. D’où la nécessité selon le quotidien d’instaurer enfin, après des décennies de silence, le 27 janvier comme un jour de commémoration européen. Car Auschwitz est LE point noir de l’histoire moderne. Non seulement de l’Allemagne, mais aussi de l’Europe, dans son ensemble.