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Libye, l'an 1

17 février 2012

La Libye un an après le début du soulèvement contre Mouammar Kadhafi - c'est le sujet qui retient en priorité l'intérêt de la presse allemande.

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Les Libyens fêtent l'anniversaire de la révolteImage : picture alliance/dpa

Ce premier anniversaire donne lieu à de nombreux reportages dans les journaux. Et le sentiment qui s'en dégage est que la Libye est aujourd'hui profondément divisée. La Süddeutsche Zeitung par exemple note que 500 kilomètres séparent le triomphe de la défaite. C'est tout un monde. A Syrte, où Kadhafi est allé à l'école, vivent les vaincus. A Sintan, il n'y a que des héros, morts ou vivants. Le succès de l'expérience révolutionnaire libyenne, écrit le journal, dépendra de la réponse à des questions comme celles-ci: des villes comme Syrte trouveront-elles leur place dans cette expérience, les partisans de l'ancien régime seront-ils traités de manière plus juste que ce qu'ils ont fait endurer à leurs adversaires? Pour l'instant les choses n'en prennent pas vraiment la tournure. Des partisans de Kadhafi, ou tout simplement des gens qui habitent au mauvais endroit, sont détenus dans des prisons illégales. Des villes entières comme Tawerga près de Misrata ont été dépeuplées. Qui pourra imposer la justice dans un pays que des centaines de milices veulent se partager entre elles?

Libyen Jahr 1 der Revolution
Un milicien tirant en l'air pour célébrer l'anniversaire de la victoireImage : picture alliance/ZB

La Berliner Zeitung rappelle que les rebelles de Misrata sont ceux qui ont le plus souffert sous Kadhafi. Ce sont eux, maintenant, les maîtres, et ils font souffrir les autres. Depuis janvier, souligne le journal, il est connu que des prisonniers sont brutalement torturés dans la prison militaire de Misrata. L'hebdomadaire Die Zeit évoque lui aussi les accusations de tortures portées contre les innombrables milices qui font encore la loi à Misrata. Et il se demande si les nouveaux dirigeants réussiront à unir les ennemis d'hier en un seul et même Etat, ou si la révolution du 17 février 2011 ne débouchera pas bientôt sur une contre-révolution.

Mali Tuareg Nomaden
Nomades touaregs au MaliImage : AP

Le Mali proche de la guerre civile

La presse allemande s'intéresse aussi à la nouvelle rébellion touarègue au Mali. Elle n'est pas sans lien avec la Libye. Les rebelles du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) ont été renforcés par des effectifs et des armes en provenance de Libye. Cela fait écrire à die tageszeitung que le Mali glisse de plus en plus dans la guerre civile. Dans sa volonté de repousser l'offensive des rebelles du MNLA, l'armée gouvernementale s'est apparemment retirée de tout le nord désertique du pays, à l'exception de la ville de Kidal, note le journal. Les fronts se sont durcis. Le MNLA parle d'un "génocide" des touaregs et reproche au gouvernement de faire massacrer de paisibles nomades à partir d'hélicoptères pilotés par des "mercenaires ukrainiens". A Bamako la polémique enfle. Les partisans du président Amadou Toumani Touré parlent d'une déstabilisation ciblée. L'opposition reproche au président de récolter ce qu'il a semé en négligeant les forces de sécurité.

Libyen Sahara Sanddüne Tuareg mit Turban
Les "hommes bleus" du désertImage : picture-alliance/Bildagentur-online/RUN-McPhoto

La Frankfurter Allgemeine Zeitung relaie les informations selon lesquelles les rebelles du MNLA auraient massacré entre 80 et 100 soldats maliens. Le journal note aussi que, de source malienne, 72 déserteurs, soldats et gendarmes, qui sympathisent avec la rébellion touarègue ont trouvé refuge au Burkina Faso. Les demandes adressées par le gouvernement malien au président Blaise Compaoré pour qu'il livre ces déserteurs au Mali sont restées sans effet. Mais il est vrai, poursuit le journal, que c'est une tradition au Burkina. Lorsque Charles Taylor s'apprêtait en 1989 à réduire le Libéria en cendres il avait profité auparavant de l'hospitalité de Compaoré. Et les rebelles qui ont plongé la Côte d'Ivoire dans une guerre civile à partir de 2002 venaient eux aussi du Burkina Faso.

Nigeria Kano Bombenanschlag
Après un attentat à Kano, janvier 2012Image : picture-alliance/dpa

Le terreau du terrorisme

Toujours en Afrique de l'ouest, les attentats revendiqués au Nigeria par le groupe islamiste Boko Haram ont figuré à l'ordre du jour du sommet de la CEDEAO à Abuja. Ils inspirent aussi une réflexion à un journal allemand. Très précisément à die tageszeitung qui écrit que Boko Haram estime être victime de la violence policière et de massacres. Elle présente ses attentats comme des actes d'auto-défense. Au cours de la dernière décennie, les affrontements religieux au Nigeria ont fait beaucoup plus de morts chez les musulmans que chez les chrétiens. D'innombrables personnes ont péri par la main de forces de sécurité débordées. Mais demande le journal, par quoi les habitants du nord du Nigeria se sentent-ils menacés dans leur existence au point d'être convaincus par Boko Haram? Le pétrole déverse chaque jour plus de 100 millions d'euros dans les caisses de l'Etat nigérian. Parallèlement plus de 100 millions de personnes - les deux-tiers de la population - vivent avec moins d'un euro par jour, alors que l'élite va se faire soigner en Arabie saoudite. L'Etat n'est au mieux l'ami et le protecteur que des puissants. Il n'est dès lors pas surprenant, poursuit le journal, que les Nigérians aspirent à un autre Etat, qui assume la responsabilité du bien commun. Ce sont des problèmes complexes qui fournissent le terreau à des mouvements comme Boko Haram. Le terrorisme du groupe islamiste aide les riches à camoufler les problèmes d'un pays aux profonds clivages sociaux.

Nigeria Wirtschaft Plakat für Nokia in Lagos
Publicité pour Nokia à Lagos, juin 2010Image : AP

Boom du capitalisme en Afrique

A l'opposé un autre journal allemand vante les vertus du capitalisme au Nigeria, et même sur tout le continent africain. Le Financial Times Deutschland exulte en constatant que le capitalisme à l'état pur est en plein essor en Afrique. Certains observateurs suivent certes avec inquiétude la récente vague de violences déclenchée au Nigeria par la suspension des subventions aux carburants. Mais la vérité, écrit le journal, est que le Nigeria moderne est suffisamment fort pour éviter une crise prolongée, et ce en raison du pouvoir grandissant des consommateurs africains. En 2012 les Nigérians veulent acheter leurs denrées alimentaires et se remettre au travail. Pour eux trop de choses sont en jeu sur le terrain économique. Il en est de même aujourd'hui dans toute l'Afrique. Le continent réussit parce qu'il suit les règles du marché, alors que le reste du monde les a oubliées.

Afrika Cup Sambia gegen Elfenbeinküste Christopher Katongo
Christopher Katongo, le capitaine de l'équipe zambienneImage : picture-alliance/dpa

Enfin la presse allemande a salué la victoire de la Zambie en finale de la Coupe d'Afrique des nations. Les Chipolopolo, ou "boulets de cuivre", ont enthousiasmé les chroniqueurs sportifs.

Auteur: Marie-Ange Pioerron
Edition: Fréjus Quenum