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Libye : Moscou et Pékin entrent en scène

7 juin 2011

Alors que ces deux pays s'étaient abstenus lors du vote de la résolution des Nations Unies autorisant l'usage de la force contre Tripoli, la Russie et la Chine viennent de nouer le contact avec l'opposition libyenne.

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Le président russe Dmitri Medvedev a envoyé à Benghazi son émissaire pour l'Afrique
Le président russe Dmitri Medvedev a envoyé à Benghazi son émissaire pour l'AfriqueImage : AP

La volte-face est particulièrement spectaculaire pour ce qui concerne la Russie. Alors même que Moscou critiquait pas plus tard que dimanche l'entrée en action des hélicoptères de l'OTAN en Libye. Désormais, la Russie avance ses pions pour semble-t-il accélérer la chute de Mouammar Kadhafi. Le représentant du Kremlin pour l'Afrique est ainsi arrivé aujourd'hui à Benghazi, le fief des insurgés, où il doit rencontrer les principaux représentants du Conseil National de Transition, la direction politique de la rébellion.

Cette visite est donc une manière pour la Russie – qui possède malgré tout encore une ambassade à Tripoli – de donner l'absolution au régime libyen dont les jours semblent plus que jamais comptés. Sur ce point, l'OTAN a estimé que la structure de commandement de l'armée libyenne n'était plus en état de fonctionner. Une détérioration rapide qui est confirmée par les journalistes présents sur place, occidentaux pour la plupart, qui décrivent un régime cherchant sans succès à convaincre qu'il tient encore le pays.

La Russie a critiqué l'entrée en action d'hélicoptères de l'OTAN. Ici un modèle Tigre de l'armée française
La Russie a critiqué l'entrée en action d'hélicoptères de l'OTAN. Ici un modèle Tigre de l'armée françaiseImage : picture-alliance/dpa

Plus de finesse

Enfin, un autre poids lourd de la scène internationale fait son apparition en Libye : la Chine qui, à l'instar de la Russie, est en train de lâcher Tripoli mais d'une certaine manière mais avec beaucoup plus de finesse. D'un côté, Pékin a reçu aujourd'hui le ministre libyen des Affaires étrangères pour tenter de trouver une solution politique à la crise en Libye. Mais de l'autre, la Chine est entrée en contact avec le Conseil National de Transition puisque des diplomates chinois sont arrivés à Benghazi pour y rencontrer l'opposition.

La Chine conserve donc deux fers au feu mais la prise de contact avec la rébellion est une nouveauté puisque Pékin prône habituellement la non-ingérence dans les affaires intérieures d'autres pays. C’est donc une entorse faite à un des axes principaux de sa politique étrangère. Mais la Chine a d'importants intérêts économiques en Libye, dans le secteur du pétrole notamment. Pékin a dû évacuer il y a deux mois près de 40 00 de ses ressortissants qui travaillaient dans les hydrocarbures ou la construction d'infrastructures. En entrant en contact avec l'opposition, la Chine prépare donc déjà l’avenir.

Auteur : Jean-Michel Bos

Edition : Cécile Leclerc