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L'importance du journalisme de paix dans les zones de conflit

Monika Hoegen / Anne Le Touzé3 juin 2009

La liberté de presse est une condition préalable au développement démocratique d'un pays. Mais dans les systèmes fragiles, elle doit être associée à un "journalisme sensible au conflit" ou "journalisme de paix".

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Le Global Media Forum de la Deutsche Welle, du 3 au 5 juin.Image : DW

Depuis un an, Hansjoerg Enz forme des journalistes à Bukavu, en République démocratique du Congo, pour le compte d'une ONG active dans la promotion de la paix. Chaque jour, il essaie de transmettre aux collègues de la radio Maendeleo les principes du journalisme de paix. Un journalisme qui comprend à la fois les critères de base tel que le recoupement des sources et des recherches soignées, mais également une approche responsable des sujets traités :

"Par exemple, il y a environ deux mois, 5000 soldats rwandais sont entrés au Sud-Kivu. Ils voulaient chasser les Dehamwe, qui se cachent dans les forêts congolaises depuis le génocide au Rwanda. Ils sont des dizaines de milliers, avec leurs familles, et ils représentent un danger pour la population parce qu'ils ne sont pas intégrés. Alors quand les 5000 soldats entrent au Congo, la situation est claire pour les journalistes congolais : voilà encore les Rwandais, ils nous apportent encore le malheur et la guerre. Le journalisme de paix essaie de montrer l'autre côté. Il s'agit d'écouter les deux parties et d'essayer de montrer que peut-être, les Congolais et les Rwandais peuvent coopérer et qu'on peut trouver une solution."

Menschen fliehen aus dem Kongo Goma
Les récents heurts dans l'est de la RDCongo ont provoqué le déplacement de milliers de personnes.Image : AP

Le journalisme responsable consiste notamment à éviter l'emploi de termes trop catégoriques, tels que "terroristes", et à présenter les points de vue des deux parties en cas de conflit. En théorie, c'est une bonne chose, mais cela s'avère souvent difficile à mettre en pratique, comme l'explique Martin Zint, coordinateur du réseau "Peace and Conflict Journalism Network" PECOJON :

"Tout est dans la façon de présenter les faits. Doit-on par exemple mettre en valeur les solutions qui pourraient contribuer à une sortie de crise? Ou s'en tenir aux aspects factuels, comme le font la plupart des collègues, en rendant compte de la violence plutôt que de la manière dont s'étendent les conflits, et sans aborder les dessous du conflits ni les moyens d'en sortir."

Le journalisme de paix prend également toute sa place là où les sociétés essaient tant bien que mal, après une guerre ou un conflit, de rebâtir un consensus social et des médias en état de marche. Selon Martin Zint, il faudrait investir bien plus dans la promotion des médias, au risque de se frotter aux gouvernements locaux.